Cyana

Univers fictions

Dimanche 17 mars 2013 à 17:33

One-shot écrit dans le cadre des défis "Le mouvement perpétuel" de la Ficothèque Ardente. Le thème était "La nostalgie", les contraintes à respecter était d'écrire un minimum de 1000 mots. 
Fandom : Professeur Layton (qui ne m'appartient pas)
Couple : Clive Dove x Flora Reinhold.

Divorcée


Les freins lancèrent un hurlement aigu quand le pied chaussé d’un talon ni trop petit ni trop grand s’enfonça brutalement sur la pédale. Les pneus crissèrent en dérapant sur la chaussée humide. Le nez de la voiture s’arrêta à quelques millimètres du grand homme dégingandé qui avait traversé sans regarder. La portière s’ouvrit d’un coup et une tornade colorée s’échappa de l’habitable en hurlant : de colère, de peur, de soulagement, un peu tout à la fois.

_ J’aurais pu vous tuer ! !

Le type lança un regard surpris à la conductrice. Elle-même s’arrêta de crier dès qu’elle posa les yeux sur son visage.

_ Oh mon dieu, Clive !

_ Ça pour une surprise…

_ Dix-huit ans.

_ Peut-être bien…

_ Moi, je le sais. Je compte les années, les mois…Les jours.

_ A ce point ?

_ En m’abandonnant, tu m’as brisée, Clive. Tu le savais pourtant. Je ne pouvais pas vivre sans toi.

Un silence suivit cette déclaration. Les deux protagonistes de cette discussion s’étaient retrouvés au premier bar qu’ils avaient trouvé histoire de boire un café ensemble. Ils avaient eu beaucoup de mal à se lancer dans une conversation, qui maintenant patinait. Après des années sans s’être vu, le contact avait du mal à se rétablir. La femme brune, belle encore malgré la cinquantaine approchant, touilla délicatement son café crème.

_ Le passé…peu importe, soupira-t-elle. J’ignorais que tu étais de retour. Tu aurais pu me prévenir.

Le reproche dans sa voix était palpable. L’homme gardait les yeux obstinément fixés sur sa bière. Il n’était que dix heures et demie et elle craignait ce qu’il était devenu. Ses yeux cernés et sa barbe de plusieurs jours dénotaient qu’il ne prenait pas beaucoup soin de lui-même.

_ Désolé Flora. Je voulais pas te donner de faux espoirs, je…je suis juste de passage.

_ Combien de temps ?

_ C’était une semaine, mais aujourd’hui est le dernier jour.

_ Oh.

_ Tu es devenue quoi ?

Tentative maladroite de changer de sujet. De briser le silence. De chasser le malaise épais qu’ils éprouvaient tous les deux. A la grimace soudaine de la femme, ce n’était pas la bonne question. Clive poussa un nouveau soupir.

_ J’ai fait une bourde, hein ?

Flora haussa les épaules.

_ Tu n’as pas voulu de moi, tu es parti, dit-elle d‘une voix morne. Tu m’as laissée toute seule, et j’ai poursuivi ma vie. J’ai épousé un homme très gentil, j’ai eu des enfants, j’ai travaillé. Je voulais pas être toute seule, juste. Cette vie me satisfaisait.

_ Je suis désolé…

_ De quoi ? Je n’étais pas malheureuse, tu sais.

Clive baissa les yeux. Il était partagé entre divers sentiments, la satisfaction que Flora ait eu la vie qu’elle méritait, la tristesse face à son ton las et résigné, un peu de jalousie, aussi. Mais il n’avait pas son mot à dire, c’est lui qui l’avait laissée tomber.

_ Mais je n’ai jamais été pleinement heureuse, non plus.

Leurs mains se rejoignirent d’instinct.

_ J’étais satisfaite, c’est tout, poursuivit Flora, la voix résignée. J’avais un mari gentil, que j’ai aimé mais jamais autant que toi, mais il est là. Il l’était du moins, puisqu’on a divorcé. J’adore mes enfants, ce sont mes rayons de soleil, même s’ils n’ont plus besoin de moi, maintenant. Et je n’ai jamais cessé de t’aim…

_ Flora, n‘en dis pas plus.

Clive retira ses mains de la femme pour l’empêcher de prononcer ces mots qui les perdraient tous les deux. Il ne pouvait pas rester, il ne resterait pas, ils le savaient tous les deux. Quelque chose entre eux était impossible. Cependant, Flora voulait avouer ce qui lui pesait sur le cœur depuis que Clive était parti, un jour de septembre, sans lui en parler, sans lui dire au revoir, sans même lui laisser un mot d’explications.

Ce jour-là, elle avait cru mourir. Le chagrin avait été si grand qu’il lui avait semblé que son cœur se déchirait littéralement. Seul la présence et le soutien de son père, de ce cher Luke qui était comme un frère pour elle, avaient réussi à la maintenir à flots.

_ Et toi ? Demanda-t-elle d’une voix cassée, pour essayer de penser à autre chose.

_ Rien, répondit Clive avec sincérité. A part un boulot pas trop mal, qui me fait beaucoup voyager. Rien d’autre.

_ Pas de…

Le pouce de l’homme traça un cercle sur la main blanche et fine de Flora. Il savait ce qu’elle essayait de lui demander et secoua négativement la tête.

_ Non. Rien. Tu étais…tu es la seule.

_ Je t’aime. Je n’ai jamais cessé. Je t’attendais. Tu ne pourras pas m’empêcher davantage de te le dire.

La déclaration avait été brutale mais pas inattendue. Ces mots pesaient sur Flora depuis tant de temps qu’elle avait dépassé le stade de la gêne en les avouant. Ils n’étaient de toute façon plus des adolescents. Clive semblait triste.

_ C’est justement parce que je t’aime aussi que je suis parti autrefois. Que je repartirais, encore.

_ Ne me fais pas ça.

Les mains de Flora se refermèrent avec force sur celle de son amour de toujours. Avec toute la force qu’elle put mettre dans cette étreinte.

_ Ne m’abandonne pas, murmura-t-elle.

La supplique de ses grands yeux noir était irrésistible pour Clive. Il n’avait jamais rien pu lui refuser. Et c’était pour la protéger, pour lui assurer une vie normale, qu’il s’était enfui, autrefois. Pour ne pas avoir à subir la supplique de ces yeux qu’il aimait tant.

Ni l’un ni l’autre n’avaient réfléchi et il n’avait fallu que le temps du trajet pour qu’ils se retrouvent ensemble dans la chambre d’hôtel de Clive, trop obnubilés l‘un par l‘autre pour faire attention à ce qu‘il se passait autour d‘eux. Ils avaient tous deux attendu ce moment si longtemps qu’il était impossible que ça se passe autrement.

Si l’unique nuit qu’ils avaient partagée, il y a de cela dix-huit, avait eu la passion de jeunes amants enfin réunis, celle-ci promettait d’avoir la douceur et la tendresse de deux cœurs solitaires usés par la vie.

La chambre contenait le strict minimum en matière de meubles, les rideaux étaient tirés comme pour dissimuler la lumière du jour. Flora n’eut ni le temps ni l’envie de poser des questions. Elle se contenta de savourer les bras de Clive autour de son corps et le laissa la déshabiller.

_ Ça ne te pose aucun problème ? Demanda-t-il, juste pour être sûr.

_ Je suis divorcée et libre comme l’air…

Elle l’embrassa pour bien lui prouver qu’elle n’aimait et ne voulait que lui. Ils s’allongèrent sur le lit une place, tout juste assez grand pour les contenir tous les deux. Ils se redécouvrirent en constatant au fil des baisers et des caresses, constatant qu’ils n’avaient rien oublié l’un de l’autre malgré le temps. Clive remarqua avec une certaine tristesse que le corps de la femme était fin, plus qu’auparavant quand elle affichait des formes délicieuses. La vie et le temps avaient fait leur œuvre. Flora s’accrocha aux épaules de son amour de toujours, comme si sa vie en dépendant, gémissante :

_ Je t’aime…

_ Je t’aime aussi, lui assura Clive.

Tout en lui caressant le dos, il se glissa contre elle et ils firent l’amour comme s’ils n’avaient jamais été séparés.

_ Ne me mens pas.

_ Oui, je vais repartir.

Clive avait avoué la vérité à voix basse, comme si lui-même n’arrivait pas à s’y résoudre. Ils avaient tous les deux passé des heures enlacés, à parler et s’aimer, jusqu’à ce que finalement, la réalité les rattrape. L’homme avait raccompagné Flora à l’appartement où elle vivait seule depuis son divorce. Comme lorsqu’elle n’était pas encore mariée et qu’ils s’étaient retrouvés tous les deux. Le passé se répétait, ils n’avaient jamais été destinés à être ensemble.

_ Tu sais où je vis, soupira Flora. Peut-être qu’un jour, tu te rendras compte que toi et moi, c’est possible.

_ Je sais pas.

_ Ma porte te sera toujours ouverte. N’oublie pas.

_ Je n’oublierais pas.

Le bout des doigts de Clive effleurèrent la joue pâle de Flora avec tellement de tendresse et de regrets qu’elle sentit les larmes couler sur ses joues sans qu’elle puisse les en empêcher.

Un clignement de paupières et il n’était plus là. De nouveau porté disparu.

Samedi 23 février 2013 à 2:05

One-shot écrit dans la cadre de la nuit des lemons de la Fitcothèque Ardente. Le thème principal sont : les costumes. Ce thème secondaire, le troisième de la soirée, portait sur les plumes. Les mots à placer étaient : danser - agréable - flatteur.

Fandom : Hetalia
Personnages : Amérique/Alfred, Biélorussie/Natalya

Les cafés italiens

Venise et son carnaval. Venise et ses parades. Les gens, déguisés, qui rient, courent et s’amusent.

Et elle, au milieu, qui rumine et tournicote dans ses tête dans idées de vengeance. Envers qui ? Le premier qui lui causera du tort, elle ne sait pas encore sur qui ça tombera. Pour changer.

_ Allons, Natalya chérie, c’est super ici ! Feliciano a eu une idée délicieuse en nous invitant tous à son carnaval !

Et les remarques permanentes d’Ukraine, s’émerveillant d’un rien, n’aidait en rien les pensées de Biélorussie à être plus rose. Au contraire. D’ailleurs, elle n’aimait pas le rose, c’était une couleur beaucoup trop voyante à son goût. C’est bien pour cela qu’elle avait endossé le costume, noir comme l’enfer, d’une sorcière de conte.

_ Je n’aime pas ça, décréta la glaciale slave. Vraiment, je n’aime pas. Je déteste me donner en spectacle comme ça. Je rentre !

_ Natalya, att…commença son aînée.

Trop tard, la jeune femme était déjà loin.

Biélorussie cavalait à travers les rues de Venise. De partout, des gens déguisés menait un boucan infernal. Elle avait cru reconnaître devant un bar le trio des couillons en chef, France, Prusse et Espagne mais elle ne s’était pas arrêtée pour taper la causette. Ces types étaient insupportables ! Elle refusait de toute façon que quiconque la voit attifée ainsi ! Quelle honte pour elle !

Elle repoussa assez brusquement un groupe d’enfants qui protestèrent bruyamment, manqua trébucher sur un chapeau oublié mais glissa sur une substance étrange qu’elle ne voulut pas identifier. Trop tard pour se rattraper, elle ferma les yeux par réflexe, attendant la chute inévitable…

…qui n’eut jamais lieu.

Deux bras particulièrement puissants s’étaient interposés entre son corps délicat et le sol recouvert de détritus.

_ Le héros est arrivé à la rescousse ! S’exclama une voix énergique. Tout va bien, mademoiselle ?

Biélorussie se figea. Sur toutes les personnes présentes à ce maudit carnaval, il fallait qu’elle tombe sur lui. Le crétin en chef. L’abruti qu’elle ne pouvait pas voir en peinture. Le rival de son frère adoré. Lui.

Amérique.

Et ses mains sur sa taille…

_ Wah, wah, wah, je suis désolé ! S’écria Alfred en levant les mains en l’air.

La lame glaciale d’un couteau était tombée sur son cou. Sa pomme d’adam remua sous sa brusque déglutition alors qu’il observait la jeune femme qu’il venait d’empêcher de tomber et qui en retour le menaçait d’un couteau. Il la connaissait bien…

_ Biélorussie ?

_ Non ! !

Le couteau accentua sa prise sur la peau tendre, Amérique se figea d’autant plus en roulant des yeux paniqués.

_ J’ai rien fait de mal !

_ Lâche-moi tout de suite !

_ Mais je te touche même pas !

Natalya s’en rendit compte au moment même où il prononçait ces mots. Elle recula précipitamment, rouge de gêne. Pourquoi diable les mains de cet américain sur elle l’avaient mise dans un tel état ? !

_ Je ne pensais pas tomber sur quelqu’un que je connais, lâcha Alfred, qui s’était remis remarquablement vite de la menace. Ça me fait plaisir, tu es jolie comme tout.

_ Je pars !

_ Hein ? !

La jeune femme fit volte-face pour s’échapper mais fut stoppée de nouveau. La main d’Amérique sur son bras nu. Un frisson parcourut violemment Biélorussie. Un type déguisé en poussin ne devrait pas susciter de telles réactions chez elle ! Il avait même une espèce de bonnet couvert de plumes en guise de chapeau. Le comble de la bêtises !

_ Je te fais pas peur, quand même ?

Pourquoi devait-il avoir cette voix si sérieuse, grave et sensuelle, au lieu de son timbre de gamin hyperactif habituel ?

Minute, elle ne venait quand même pas de penser qu’Amérique avait une voix sensuelle ? ! Elle n’aurait pas dû manger la part de pizza qu’Ukraine lui avait achetée, les italiens devaient sûrement mettre des trucs louches dans leur cuisine. Comme les français !

_ Peur ? Répéta-t-elle, la voix glaciale. Le jour où j’aurais peur de…toi…n’est pas encore arrivé !

Le « toi » avait été craché avec mépris, accompagné d’un regard peu amène sur le jaune pétant du costume. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de se déguiser de façon aussi ridicule ? Il n’y avait décidément que cet américain pour avoir des idées aussi stupides !

_ Alors, tu accepteras de prendre un verre avec moi ?

Ce sourire niais…ce regard plein d’espoir…Non, il n’avait pas le droit de la regarder ainsi, ce n’était pas loyal ! Ces yeux étaient trop bleus, son sourire trop sincère...trop craquant. Elle devait se ressaisir !

_ Evidemment, lâcha-t-elle en haussant les épaules. J’ai rien de mieux à faire.

_ Super ! !

Sans lui laisser le temps de réagir, Amérique avait déjà crocheté le bras de la jeune fille et l’avait entraînée avec lui au premier café venu. Et d’ailleurs, ce n’était pas un café, mais un ravissant salon de très à la décoration très romantique. Les tables n’avaient que deux place, et étaient séparées par des cloisons. Une musique douce résonnait dans les coins, et quelques couples dansaient même au milieu de la salle. Un vrai petit endroit intime, en somme. Biélorussie crut qu’elle allait s’évanouir. Il ne l’avait quand même pas fait exprès ? !

_ Tu veux danser peut-être ? Lui proposa Amérique.

_ J’aime pas danser.

_ Bon, tant pis…On a qu’à s’assoir.

Il l’entraîna à une table presque au fond, de sorte qu’ils ne voyaient plus l’entrée. Un serveur vint prendre leur commande, un sourire idiot aux lèvres. Biélorussie était mal à l’aise comme elle ne se souvenait plus l’avoir été.

_ Je reste pas longtemps, prévint-elle le garçon.

_ Bah, on est pas bien là ?

Justement, ils étaient trop bien. Trop seuls. Personne ne les voyait. Et la chaleur qui commençait à se propager dans le corps de la jeune femme était très dérangeante pour elle. Elle pria pour que tout se passe bien. Un café, et elle partirait. Après tout, le ricain l’avait invitée, elle aurait été bête de pas en profiter. Son frère aurait approuvé.

Biélorussie laissa le serveur leur apporter leurs commandes et essaya de boire son café d’une traite. Essaya, car le liquide était bouillant et elle ne put qu’avaler une minuscule gorgée. Amérique l’observait avec un air étrange.

_ Quoi ?

_ Rien. Ce costume te va drôlement bien. Les couleurs sombres t’ont toujours particulièrement mises en valeur…

Elle rougit furieusement sous le compliment. Il n’avait même pas le tact de le dissimuler, il y allait franco ! Cependant, c’était vraiment flatteur de se savoir belle aux yeux d’un homme.

_ Vraiment très jolie, murmura Alfred en faisant tourner sa cuillère dans sa tasse.

Natalya se sentit rougir encore plus. Se faire complimenter était certes très agréable, mais là, il en faisait trop le ricain ! Son café allait finir dans son col s’il continuait !

Elle manqua s’étrangler quand un contact pesa tout à coup sur son pied. Non, il ne faisait quand même pas ça ? !

_ Amérique…gronda-t-elle.

_ Quoi ? Répliqua ce dernier, avec un air trop innocent pour être honnête.

_ Arrête ça. Tout de suite. Tu as envie de garder ta patte, je suppose.

_ Ma patte, répéta le jeune homme en s’esclaffant. C’est vrai que je suis censé être un poussin !

Cependant, la pression sur le pied de Biélorussie était toujours là. Lentement, l’américain se mit à le bouger, d’avant en arrière, avec un air si sérieux que personne n’aurait pu imaginer ce qu’il faisait réellement. Natalya sentait ses joues la brûler si fort qu’elle savait qu’elle les trahissait pour deux. Mais il n’y avait personne pour les voir, heureusement où elle ne s’en serait jamais remise.

_ Arrête ça, marmonna-t-elle.

Le pied d’Alfred entama une marche arrière et elle se mordit la lèvre inférieure. Foutue fierté qui l’empêchait de se laisser aller avec un sacré beau parti. Elle avait toujours adoré ses épaules musclées, ses yeux si bleus, ses lèvres pulpeuses, ses…

Stop.

_ Et ne me fais pas ces yeux-là, ajouta-t-elle en essayant d’être sèche.

La moue implorante d’Amérique mettait ses nerfs à rude épreuve. Elle se crispa davantage quand il approcha sa chaise de leur table et qu’elle sentit leurs genoux se toucher. La table était vraiment petite.

_ Non…gémit-elle quand elle comprit que le jeune homme avait une autre tactique en tête.

Le genoux du blond s’était glissé sans vergogne entre les siens. La jeune femme se promit à partir de maintenant de toujours croiser les jambes à table pour éviter ce genre de désagrément. Elle n’avait pas encore pris feu mais c’était un miracle.

_ On est dans un lieu public…! Essaya-t-elle de protester.

_ Ah, tu ne me dis pas d’arrêter ? Constata Alfred, l’air suprêmement amusé.

_ Quoi que je dise, tu trouveras autre chose !

_ Hé bien, tu as l’air de m’avoir cernée comme il fallait…

_ Sale type.

_ Bah, ça n’a pas l’air de te déranger tant que ça !

Le rire idiot de cet idiot d’américain s’étrangla dans sa gorge quand Biélorussie lui pinça la cuisse. Rapidement, il glissa sa propre main sous la table pour faire prisonnière celle de la slave.

_ Lâche-moi.

_ Non, c’est drôle.

L’autre main d’Alfred chatouilla le genou de Natalya, presque sa cuisse et celle-ci manqua s’étouffer. Il avait une sacrée audace, l’américain, dans un café, à la vue de tous !

_ Penché ainsi comme un bossu, ironisa-t-elle, c’est clair comme de l’eau de roche, ce que tu es en train de faire !

_ Bah, c’est toi qui m’a dit que tu voulais pas de la manière discrète…

Natalya jeta un coup d’œil prudent derrière elle, histoire de vérifier que personne ne les épiait. Heureusement, de là où ils étaient placés, on ne pouvait pas les apercevoir en arrivant.

_ Je prends ça pour une confirmation, chantonna Alfred, l’air ravi.

Il recula et Natalya soupira presque de frustration quand le genou de l’imbécile fini se délogea de ses genoux. Cependant, il se décala de manière à se trouver juste à côté d’elle, leurs chaises collées l’une à l’autre, à l’image de leurs corps. Ses yeux s’écarquilla et de surprise, elle en oublia même de le repousser ou de protester. Elle n’aurait d’ailleurs pas pu, Alfred s’était penché pour l’embrasser . Ses lèvres étaient douces et chaudes, elles avaient le goût un peu amer du café. Elle se laissa aller au baiser avec plus de délices qu’elle n’aurait pu l’imaginer.

Prestement, Alfred passa un bras autour de ses épaules et, tout en l’embrassant, recommença à titiller le genoux de la slave de sa main libre. Elle se cambra légèrement sous le chatouillis qu’il provoquait, et remarqua avec un certain embarras qu’elle avait très chaud dans une zone très particulière de son anatomie. Amérique était le diable de lui provoquer de telles sensations.

_ C’est un lieu public, réussit-elle à gémir entre deux baisers.

_ C’est encore plus jouissif…murmura le jeune homme. Il nous suffit d’être discret…

_ Toi, discret ?

_ Je sais me montrer très discret quand je veux…

Du bout des doigts, Amérique remonta lentement le long de la jambe de Biélorussie, qui se trouvait très heureuse d’être occupée à l’embrasser pour dissimuler les soupirs qu’elle aurait poussé sinon. Il avait déjà glissé sa paluche sous sa jupe - plus courte qu’à l’ordinaire - et s’amusait à faire durer le plaisir en faisant courir ses doigts sur la peau tendre de l’intérieur de sa cuisse. Les mains de la slave était crispée sur le rebord de la table, si fort qu’elle imaginait qu’elle allait finir par y enfoncer les doigts.

Elle s’arqua quand Amérique atteint enfin le point le plus sensible de son corps. Des vagues de plaisir parcouraient son bas-ventre comme des décharges électriques alors qu’il n’avait encore rien fait. Elle devait vraiment être en manque, ou sacrément accro, pour ressentir les choses aussi fort.

_ Alfred…gémit-elle.

Ce dernier sembla considérer qu’il ne l’occupait pas assez de ce côté-là car ses baisers se firent un peu plus fiévreux. Il n’avait néanmoins pas arrêté son exploration de l’intimité de la jeune femme, bien au contraire. Celle-ci arquait le dos sous le plaisir qu’il lui procurait rien qu’avec sa main - très habile, elle devait bien l’avouer - écartant les cuisses pour en profiter toujours plus.

Il ne lui fallut que quelques instants de plus pour que le plaisir explose en elle, et s’ils n’avaient pas été en train de s’embrasser, nul doute que tout le café aurait été au courant de leur petite activité.

Haletante, elle lui jeta un regard mi-fâché mi-moqueur alors qu’il s’écartait d’elle avec un sourire satisfait.

_ Tu n’avais que cette idée en tête, l’accusa-t-elle.

_ A vrai dire, j’espérais plutôt une petite excursion dans une chambre d’hôtel, mais on fait avec ce qu’on a…se moqua Alfred.

_ Démon lubrique !

_ Tu as adoré ça…

Elle se contenta de détourner les yeux, les joues rouge de nouveau. Fébrile, elle lissa les plis de sa jupe de sorcière et prit sa tasse de café pour se donner une contenance.

_ Venise, c’est la ville des amoureux, il faut en profiter…murmura-t-elle avec un sourire qui en disait long.

_ Non, c’est Paris, objecta la slave.

_ On pourrait essayer Paris aussi, ça me dérange pas. Mais en attendant, tu n’as pas envie qu’on teste Venise un peu mieux ?

_ Genre, dans une chambre d’hôtel ?

_ Tu parles comme Pologne tout à coup, c’est marrant.

_ C’est un compliment ou bien…?

_ Personnellement, je te préfère à lui. Malgré son apparence, il reste trop masculin à mon goût.

Natalya ne put s’empêcher de sourire. Elle acheva rapidement son café désormais tiède et se leva.

_ Justement, je voulais rentrer, déclara-t-elle. Le festival m’ennuie. Tu m’accompagnes ?

Amérique ne se fit pas prier. Il se leva en jetant un gros billet sur la table et s’empara du bras de la jeune femme avec une certaine possessivité.

_ Alors là, on ne me le fera pas dire deux fois !

Vendredi 22 février 2013 à 21:56

One-shot écrit dans la cadre de la nuit des lemons de la Fitcothèque Ardente. Le thème principal sont : les costumes. Ce thème secondaire, le premier de la soirée, portait sur les capes. Les mots à placer étaient : éclatant, se cacher, changer. 

Fandom : Professeur Layton (jeu vidéo)
Personnages : Jean Descole, Randall Ascott. 
Spoiler du jeu 5 : "Le masque des miracles" et présence de yaoi

D'or et de cuivre

La cape était soyeuse et glissait comme de l’eau entre ses doigts.

_ Ça te plait ?

_ Hn…

_ Dis-moi, insista l’homme.

_ Ça fait carnaval.

_ Bah, c’est le bon moment, non ?

Un masque éclatant d’or et de cuivre se tourna vers l’autre, un loup immaculé digne d’un carnaval de Venise. Si l’un était tout en sombre tenue et camouflage - si un homme à cape et tricorne pouvait évidemment se cacher de manière efficace - l’autre, tout de blanc et de paillettes, évoquait un gentleman cambrioleur d’un autre temps. Blanc et noir. Attraction et répulsion.

Le masque doré fut ôté à toute vitesse et les lèvres brunies de soleil de Randall se pressèrent avec avidité contre celle de son complice. Ce dernier se laissa faire un instant avant de rompre leur étreinte.

_ Que me vaut ce baiser ?

_ Rien. J’avais envie, c’est tout.

Le roux refusait d’avouer clairement ce qu’il ressentait pour celui qui l’avait sorti de l’anonymat. Désir, reconnaissance, admiration, tout se mélangeait, au point qu’il en avait du mal à réfléchir quand il était en sa présence.

_ Pourquoi tu te caches sous ce masque ?

_ Et si tu arrêtais de poser des questions sur un sujet qui ne te regarde aucunement ?

Randall se colla contre le corps de l’autre, brûlant, le cœur palpitant. Il se savait ensorcelé et adorait ça. Jean était celui qu’il attendait depuis des années. Il n’avait d’ailleurs sûrement vécu que pour que ce moment arrive. Pour le moment où il arriverait un jour, tel un prince, lui révéler tous les secrets de son passé. Pour lui proposer son aide, afin de l’aider à récupérer ce qui lui revenait de droit.

Les mains de Descole se posèrent dans son dos, lentement, avec retenue. Son amant était toujours très prudent, et Randall adorait être celui qui prenait le dessus, qui menait la danse. C’était bien la seule chose dans leur relation où c’est lui qui dominait. Il en profitait un maximum.

Le rouquin s’empressa d’éteindre les lumières de la chambre d’hôtel. Jean refusait catégoriquement qu’il voit son visage. Il lui avait avoué qu’il avait une cicatrice, vestige d’un ancien accident et c’est pour cela qu’il portait en permanence ce masque lugubre. Randall était contre cette gêne entre eux. Comme si cela aurait changé quoi que ce soit pour lui ! Il aimait Jean tel qu’il était, cet esprit aiguisé, ce corps parfait, cette voix rocailleuse et pleine de sarcasmes…

_ Je te veux…

_ Je m’en serais douté.

Randall poussa Jean sur le lit et entreprit de le déshabiller lentement, se délectant des mouvements lascifs qu’il provoquait, de la chaleur de la peau de son amant sous ses mains. La cape immaculée fut rapidement le seul morceau de tissu présent entre eux.

_ A quoi tu joues ? Lâcha Jean, la voix mi-sifflante mi-agacée.

_ Laisse-toi faire…

_ Tes petits jeux ne m’am…

Randall scella leurs lèvres pour faire cesser les protestations agaçantes de son amant. Ce dernier s’arqua quand le tissu le frôle en une caresse sensuelle. Jean s’écarta juste le temps d’une phrase acide comme il avait tellement l’habitude.

_ Se servir d’un accessoire de carnaval pour pimenter un ébat…

_ De doute façon, tu adores ça, répliqua Randall.

La cape fut cependant rapidement abandonnée alors que les deux hommes accéléraient la cadence des caresses érotiques et des baisers enflammés. Les hanches de Jean ondulaient sous le corps athlétique de Randall qui sentait sa résistance factice s’amenuiser petit à petit.

_ Profite-en bien…Haleta ce dernier.

_ J’ai bien l’intention…!

Le corps brûlant, Randall s’unit à Jean dans un gémissement de bonheur et tous deux s’oublièrent un instant dans le plaisir et la volupté.

_ Un, deux, trois, Dorémont s’ébat !

Le Festival de Dorémont battait son plein. Randall prit une grande inspiration et s’avança triomphalement, s’attirant les exclamations de surprise de la foule en contrebas.

_ Mesdames et Messieurs, merci d’être venus !

Il était temps de bousculer la petite vie bien rangée de ces sales bourgeois.

Jeudi 1er novembre 2012 à 0:44

Toujours dans le cadre de la nuit des lemons de la Ficothèque Ardente du 31 octobre 2012, voici le second thème de la nuit auquel j'ai également participé : Les fantômes. Les mots à placer étant : colère, caressant et déguisement. Défi relevé !
Cette fois-ci, mon os se déroule dans le fandom d'Hetalia, qui appartient à Hidekaz Himaruya. Le titre vient de l'ouragan qui sévit en ce moment sur les côtés américaines, des fois, l'actualité, ça sert. Franchement, vu l'heure, je n'ai pas envie d'en dire plus xD. Bonne lecture !
Frankenstorm

Amérique observa son déguisement d’Halloween avec une certaine fierté. Qui avait-il de plus beau qu’un costume à la fois simple, pratique et aussi cool que celui-ci ? Aucun, évidemment. Il s’était surpassé cette fois-ci, il était temps d’aller à la chasse aux bonbons.

Quand son gouvernement avait annoncé l’annulation d’Halloween à cause du récent ouragan, il en avait été mortifié. Enfin, avait-il hurlé à qui voulait bien l’entendre, on ne pouvait pas annuler une tradition telle qu’Halloween. Le temps ne changeait rien à la situation, tous les enfants attendaient cet événements avec impatience. Il avait bassiné son gouvernement pendant plusieurs heures, tentant tous les arguments possible et imaginables, du plus sensé au plus stupide, mais son président avait été intransigeant et le jeune garçon avait filé par le premier avion disponible, furieux et vexé comme un pou. Il n’avait bien entendu par regardé sa destination et avait atterri en Biélorussie sans comprendre pourquoi entre toutes les destinations possibles et imaginables, il avait fallu qu’il tombe sur le pays de la sœur de l’autre co…de Russie.

Mais ce n’était qu’un léger contretemps, même pas un ennui, de toute façon Alfred n’était pas du genre à se laisser abattre par l’accueil aussi tranchant que froid d’une lame de poignard sur sa gorge. Il avait réussi à convaincre la jeune Natalya de lui accorder l’hospitalité pour une nuit, après une heure de négociations plutôt houleuses. C’est qu’elle était dure en affaire, la demoiselle. Il avait fini par gagner quand il avait évoqué l’idée de se rendre en Russie embêter son rival de toujours. Une lueur d’un étrange sentiment qu’il n’avait pas compris avait traversé le regarde de Biélorussie et elle lui avait alors ouvert sa porte, avec un rictus glacial. Et Amérique s’était installé dans la chambre qu’elle lui avait laissé.

_ Si je t’entends…avait sifflé la jeune fille. Ou si je te vois…Si tu te fais remarquer de la moindre façon…Je te plante, non pas un, mais trente-et-un couteau dans les fesses. Un pour chaque jour du mois.

Alfred avait acquiescé et elle avait fermé la porte. Cependant, elle ne l’avait pas verrouillée et Alfred, tout content, s’était évidemment mis dans la tête d’enfiler son déguisement pour aller réclamer des bonbons aux voisins. Il ne savait pas si cette coutume existait en Biélorussie mais songeait que si ce n’était pas le cas, qu’il était temps qu’ils apprennent à la connaître !

Sans réfléchir davantage - si au moins il avait réfléchi ne serait-ce qu’une seconde - Alfred enfila le drap aux couleurs du drapeau américain qui était censé le transformer en fantôme terrifiant. Et il ne fallait pas oublier la touche patriotique, il en était très fier.

Alfred sortit de sa chambre et descendit les escaliers de la maison de son hôte, qui n’était pas très grande mais chaleureuse et joliment décorée, il se serait plutôt attendu à se retrouver dans une forteresse gothique froide et terrifiante. Il était agréablement surpris, il n‘aurait pas aimé se retrouver dans ce genre d‘endroits le jour d‘Halloween. Oh, ce n’était pas qu’il avait peur, pas du tout, mais les revenants étaient si chatouilleux…

Il entendait comme une musique provenait du fond du couloir de l’entrée mais préféra ne pas aller voir de quoi il retournait. Il devait s’agir de la chambre de Natalya et elle lui avait bien fait comprendre qu’elle n’accepterait aucun travers sous son toit. Il allait sortir faire son tour et revenir sans qu’elle le remarque, elle n’aurait pas à se plaindre de lui. Il ramènerait plein de bonbons et lui en offrirait, ça lui ferait certainement plaisir.

Alors qu’il posait sa main sur la poignée de la porte d’entrée, un bruit de chasse d’eau retentit et une porte s’ouvrit dans le couloir, l’inondant de lumière. Il sursauta et se tourna vers la jeune femme qui sortait tout juste des toilettes. Leurs regards se croisèrent, ou du moins, Alfred le vit ainsi car lui était entièrement caché sous son drap coloré. Natalya n’avait pas sa vision des choses était devenue toute blanche.

_ Qu-qui êtes-vous ? Balbutia-t-elle.

Elle se saisit vivement du balai-brosse qui traînait à sa portée et le brandit comme une arme. Alfred recula d’un pas.

_ Qu’est-ce que vous faites chez moi ? Poursuivit-elle, la voix oscillant entre agressivité et inquiétude. Comment vous êtes entré ?

Elle semblait à deux doigts de sauter sur l’intrus présumé. Celui-ci leva les mains en signe d’innocence :

_ Natalya ! Natalya ! C’est moi, enfin, Alfred !

Alfred ôta vivement son drap pour se faire reconnaître. Il savait la Biélorusse chatouilleuse et prompte à la défense, il préférait se faire connaître avant de passer un sale quart d’heure, surtout qu’elle ne semblait pas d’humeur à subir une plaisanterie. Et il lui avait promis de pas se faire remarquer après tout…

_ Pardon, je t’ai fait peur ? Demanda-t-il avec un sourire d‘excuse. Je voulais pas, en fait, je partais faire le tour du quartier pour avoir des bonbons, tu comprends, c’est Halloween et…

_ Gros connard ! Le coupa la biélorusse en balançant son poing dans la figure du garçon.

Ce dernier ne put éviter l’attaque fulgurante et reçut la beigne en plein visage. Elle avait heureusement visé la joue et ses lunettes ne subirent aucun dommage. Il recula néanmoins sous l’impact, c’est qu’elle avait une sacrée force ! Il recula encore plus sous le regard de psychopathe prêt à tuer qu’elle lui lançait. Malheureusement, la porte d’entrée le bloqua dans sa tentative de fuite. Il ne savait pas s’il aurait le temps de l’ouvrir et de filer avant que la jeune femme ne lui tombe dessus et décida de lancer les pourparlers.

_ Je me suis pas fait remarquer ! Couina-t-il de manière fort peu virile, espérant sauver ses fesses, au sens propre comme un figuré.

Natalya était en colère. Non, c’était plus que ça, elle était littéralement hors d’elle. Ce fichu type à grande gueule avait débarqué chez elle et depuis, elle n’avait plus un instant de répit. Vivement que l’ouragan qui sévissait en Amérique aille narguer d’autres pays, le garçon n’était chez elle que depuis deux heures et elle en avait déjà assez. Comment son frère pouvait-il trouver intérêt à ce…truc ? Elle en aurait hurlé de désespoir et de frustration.

_ Qu-que…bafouilla-t-elle, incapable de trouver les mots justes. Comment tu…pas chez toi…ridicule…vu ta tronche…se balader comme ça…la nuit…bonbons…j-je…Raaah ! !

Le balai-brosse vola, Alfred l’esquiva de justesse et Natalya se rua dans sa chambre dont elle claqua la porte si violemment que toute la maison en trembla.

_ Hé bien…qu’est-ce qu’il lui arrive ? S’étonna Amérique, son drap toujours à la main.

Il était tellement surpris qu’il en oublia son projet initial, celui d’aller quémander des bonbons. Il regarda son drap, haussa les épaules avec un soupir et traversa le couloir pour aller frapper à la porte de la demoiselle.

_ Natalya.

_ Dégage ! Répondit une voix étouffée.

_ Je…

_ Je veux pas te parler. Casse-toi, va chercher tes bonbons, faire le con, après tout, y a que ça qui t’intéresse ! Abruti !

La douleur dans la voix de la Biélorusse toucha plus l‘américain que l‘insulte crachée à son égard. Il s’assit par terre et s’appuya contre la porte, ne sachant comment faire pour que celle-ci s’ouvre. Il n’était pas du genre à faire attention aux émotions des autres, mais la tristesse de Natalya l’inquiétait d’une étrange façon. Il ne voulait pas la laisser ainsi et ferait tout pour se faire pardonner.

_ Je sais pas ce que j’ai fait pour…pour te mettre en colère comme ça…soupira-t-il.

_ Je t’ai dit de dégager !

_ Mais euh, explique-moi au moins ! Geignit-il comme un enfant capricieux.

_ T’expliquer ? Mais tu ne pourras pas comprendre, imbécile. Tu ne comprends jamais rien à rien ! Je me demande comment mon frère a pu te témoigner autant d’intérêt durant toutes ces années.

_ C’est parce que je suis la première puissance mondiale ! Lança Alfred, fier comme un paon.

_ Tu ne l’es que parce qu’il t’a laissé gagner. Tu n’as rien d’autre pour toi.

Amérique gonfla les joues, vexé : mais pourquoi prenait-elle un malin plaisir à le rabaisser et l’humilier alors qu’il souhaitait simplement s’enquérir de manière très serviable de son état ?

_ Mais qu’est-ce que tu me reproches à la fin ? ! S’écria-t-il.

_ Tu es un gamin.

_ Mais non !

_ Si. Tu crois que c’est adulte et responsable de se déguiser ? Oh, si encore ça avait été un déguisement normal, mais non, il a fallu que tu montres une fois de plus à quel point tu étais stupide. Franchement, ton drapeau…

_ C’est qu’une fois dans l’année ! Tu pourrais être indulgente.

_ T’as pleins d’autres défauts ! S’énerva la Biélorusse derrière la porte. Tu ne fais jamais attention aux autres.

_ Si c’était le cas, tu crois que je serais resté à te harceler pour savoir ce qui te tracasse ?

Il y eut un étrange bruit derrière et la porte et Amérique comprit qu’il avait gagné.

_ Je le crois pas, souffla Natalya.

Il y eut un autre silence, puis la porte s’ouvrit brusquement, faisant tomber le jeune homme qui s’y appuyait toujours.

_ Hey ! Protesta-t-il.

Natalya l’enjamba sans se soucier de son cri et s’assit sur son torse avec une impériale arrogance.

_ Alors comme ça, susurra-t-elle, la première puissance mondiale se fait du souci pour moi ?

Alfred déglutit : il ne savait pas pourquoi, mais la voix suave de la Biélorusse lui faisait tout à coup plus peur que son ton menaçant. Il essaya de se faire tout petit, mais l’attention de la jeune femme était entièrement focalisée sur lui et il n’avait aucun moyen de s’échapper sans devoir la jeter au sol au passage. Il se résigna donc à subir ce qu’elle lui réservait.

_ Je suis flattée…poursuivit Natalya. Et touchée aussi, je dois bien l’avouer.

Sa voix avait pris les accents d’une tendresse à laquelle le jeune premier américain ne s’attendait pas. La jeune femme passa sa main fine sur le front du garçon, le dégageant de ses mèches caramel.

_ Qu…tu fais quoi ? Bafouilla ce dernier.

_ Je me sens seule en ce moment, chuchota Biélorussie. Et quelqu’un que je n’avais pas remarqué avant…hante mes pensées plutôt régulièrement ces derniers temps. Ça m’ennuie. Je me sens encore plus seule, du coup.

_ Euh…ah bon ?

_ Tu es tout seul en ce moment aussi, je me trompe ? Ça ne te pèse pas, de temps en temps ? Notre statut de nation…est des fois un fardeau.

_ Ah, oui, je comprends très bien…bafouilla une nouvelle fois Alfred en se grattant la joue. C’est pas facile pour personne…

_ Je te parle de toi et moi, le coupa la jeune fille.

_ Euh…

_ Tu ne veux pas combler ta solitude de nation avec moi…? Poursuivit-elle d’un ton caressant.

A ce moment-là, Alfred comprit où elle voulait en venir et rougit furieusement.

_ J-je…euh…t-tu…crois…? J-je…je veux dire…que…

_ Te voilà à balbutier comme un petit garçon à qui une fillette vient de déclarer sa flamme.

Le ton de Natalya était moqueur et Amérique sentit une bouffée de fierté fort peu mature l’envahir. Sans crier gare, il se redressa sur les coudes et posa sa bouche sur celle de la blonde. Ce ne fut qu’un baiser bref, mais il la laissa interloquée. Amérique sourit de manière victorieuse.

_ Et toi, tu ressembles à une adolescente qui vient de se faire voler son premier baiser…

_ Espèce de…

Des mains fines s’agrippèrent au col de son blouson d’aviateur et Alfred se retrouva pressé une nouvelle fois contre les lèvres fraîches de Natalya. Le baiser fut vorace, livré comme une bataille, aucun des deux n’acceptait la domination de l’autre.

_ L-la chambre…haleta Alfred alors que son blouson tant aimé lui était arraché sans le moindre ménagement.

_ On est seuls, quelle importance ? Répliqua Natalya.

Elle agrippa d’autorité les mains d’Alfred et les glissa dans son dos, droit sur les petits boutons bien gênant de sa robe austère. Le jeune homme ne se fit pas prier pour les déboutonna un à un, non sans embrasser encore et encore la Biélorusse dont la peau se faisait de plus en plus chaude à mesure que son désir grandissait.

Et enfin, la robe tomba. Dessous, elle ne portait qu’un soutien-gorge et une simple culotte, et ce n’étaient pas ces ridicules obstacles qui retiendraient Amérique très longtemps. Il laissa sa partenaire ôter avec une lenteur exaspérante son propre tee-shirt et son pantalon afin qu’ils soient à égalité. Elle semblait prendre beaucoup de plaisir à sa frustration.

_ Tu as fini ? Râla-t-il.

_ Allons, le plaisir est toujours meilleur lorsqu’on se retient…gloussa-t-elle.

Enfin, les vêtements furent jetés au loin et Alfred entreprit de découvrir le corps frêle de Natalya. Elle était presque entièrement offerte à lui et il se découvrait avec étonnement un réel désir pour elle. Pourtant, il n’avait jamais tellement prêté attention à elle auparavant.

_ Al…gémit-elle.

Amérique oublia en un instant ses réflexions philosophiques à l’entente de cette voix pleine de désir contenu. Il reporta son attention sur la jeune fille, se sentant bien bête de l’avoir presque occultée en un moment pareil. Il se rattrapa bien vite en la comblant d’autant plus de tendres attentions. Il n’avait pas oublié leurs sous-vêtements et s’en débarrassa promptement pour passer aux choses sérieuses.

Natalya se cambra quand elle sentit son amant s’insinuer tout contre elle. Elle s’agrippa aux épaules musclées quand il entra enfin en elle et ils s’abandonnèrent tous deux au plaisir sans la moindre retenue.

Alfred bailla bruyamment et se cala confortablement parmi les coussins colorés qui envahissaient le lit de Biélorussie. Il avait beaucoup ri en apercevant un coussin en forme de cœur et avait manqué mourir quand elle avait tenté de l’étouffer avec. Après une lutte sérieuse pour sa survie, Amérique avait fini par s’excuser, ne sachant plus trop si son manque d’air était dû au coussin ou bien à son fou rire. Ils s’étaient tous les deux traînés jusqu’au lit pour se glisser sous la couette quand ils avaient enfin repris leur souffle après leur ébat et depuis, se prélassaient l’un contre l’autre en se réchauffant respectivement. Le jeune homme croisa les bras derrière sa tête. Il se sentait bien et à l’aise, et une envie de taquiner son amante le prenait.

_ Tu me trouves toujours aussi stupide ? Demanda-t-il avec un sourire mutin.

Natalya haussa les épaules et se contenta de se blottir un peu plus contre lui pour ne pas perdre une miette de sa chaleur. Les yeux obstinément fixés sur un point qui n’était pas l’américain, elle marmonna :

_ Bah…faut croire que tu sais toujours retomber sur tes pattes…p’tit malin.

_ Je ne suis pas petit ! Se vexa Alfred.

_ Oh, si. Tout petit. Tu ne fais pas le poids face à mon frère…de tous les côtés.

Amérique saisit immédiatement à quoi faisait allusion la Biélorusse et un sourire carnassier étira ses lèvres.

_ Ah, vraiment ? Se moqua-t-il. Il me semblait que tu pensais le contraire tout à l’heure…

_ Peuh. Ce n’était pas si extraordinaire que ça.

_ Bah, ce n’est pas grave. Je vais me faire un plaisir de recommencer autant de fois qu’il sera nécessaire pour que tu changes d’avis.

Rapidement, il fit basculer sur le dos la Biélorusse qui poussa un grand cri de surprise. Alfred l’embrassa une énième fois de la soirée et malgré les paroles méprisantes qu‘elle avait eu envers lui un instant auparavant, la jeune femme accueillit avec beaucoup d’ardeur. La nuit allait être longue.

 

Mercredi 31 octobre 2012 à 22:11

Participation à la nuit des lemons du 31 octobre 2012, du forum Ficothèque Ardente.
Pour cette soirée consacrée à Halloween, le premier thème était : les vampires. Les trois mots à placer étaient les suivants : félin, flamme et tremblement. Défi relevé !
Je n'ai pensé à aucun fandom en particulier en écrivant ce très court os, donc la conclusion logique est qu'il s'agit d'une originale et que tout m'appartient. Bonne lecture.
Elle n'aurait pas dû sortir

Elle n’aurait pas dû sortir ce soir.

Oh non, vraiment pas. Ce soir-là, les créatures fantasmagoriques étaient de sortie, pour la nuit qui leur était consacrée. Et si elle n’était pas sortie, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais n’était-ce pas merveilleux que ceci lui arrive ?

Les mains fines de la créature exploraient son corps en une caresse lascive, terriblement appréciable mais surtout terriblement diabolique. Elle s’arqua d’un seul coup sous la douceur de ces deux mains chaudes sur sa peau et poussa un halètement. Terreur, plaisir ? Dans l’état dans lequel elle se trouvait, elle n’en savait plus trop rien elle-même.

Ses frissons se changèrent en tremblements quasiment incontrôlables alors qu’une langue taquine parcourait sa gorge et un ricanement moqueur échappa à la créature. Celle-ci prenait un malin plaisir à lui faire ressentir des émotions en contraction avec ce qu’elle lui faisait vivre. Mais elle n’arrivait même pas à lui en vouloir. Elle n’arrivait pas non plus à s‘effrayer. Elle n’arrivait plus à rien, seul comptait pour elle ce plaisir brûlant dans lequel elle plongeait sans retenue.

Elle n’aurait pas dû sortir, n’est-ce pas ?

Seuls les démons tout droit sorti des plus chaudes et diaboliques flammes de l’enfer pouvaient procurer de telles sensations en ôtant la vie. Ils étaient des êtres aussi diaboliques que divins. La différence était trop mince pour les classer dans une seule catégorie.

Quand il s’était approché d’elle, dans cette rue pas très fréquentée, elle n’avait vu en lui qu’une incarnation divine, pas l’horrible créature qui se cachait sous le masque de marbre et le superbe sourire. Elle s’était laissée emporter sans opposer la moindre résistance, envoûtée par le charme félin et terriblement attirant qu’il dégageait. Elle n’avait pas pu lutter mais ne se sentait pas coupable : aucun humain ne pouvait résister à ces créatures. Cette-nuit, elle était la proie, la créature en avait décidé ainsi. Qu’était-elle pour s’opposer à un dieu ?

Non, elle n’aurait pas dû sortir. Mais elle ne regrettait pas. Il lui était impossible de regretter quoi que ce soit. La créature gémit à son tour, elle était lassée de s’amuser avec sa proie. Jouer ne lui convenait plus, elle devait être impatiente de pouvoir enfin savourer le mets de choix qui lui avait été servi sur un plateau. Après tout, elle n’avait vraiment opposé aucune résistance. Il n’y avait pas eu de chasse, pas de course-poursuite, rien de suffisamment excitant pour cette créature qui aimait la résistance et le challenge.

Il était temps d’en finir.

Deux crocs se plantèrent dans la gorge de la jeune victime, avec une telle délicatesse qu’elle n’en ressentit qu’un doux mordillement qui la plongea dans un abîme de sensations toutes plus plaisantes les unes que les autres. Elle gémit et rejeta la tête en arrière, réclamant plus. Elle sentit la créature sourire contre sa peau. Il se moquait d’elle. Que diable ! Elle n’en avait plus rien à faire.

Mourir était un délicieux plaisir.

Elle ferma les yeux dans un dernier soupir de bien-être, laissant la créature se gorger de son fluide vital dans opposer la moindre résistance.

Non, décidément, elle n’aurait pas dû sortir. Mais il était trop tard pour s’en rendre compte.

<< Page précédente | 1 | 2 | Page suivante >>

Créer un podcast