Cyana

Univers fictions

Samedi 23 février 2013 à 2:05

One-shot écrit dans la cadre de la nuit des lemons de la Fitcothèque Ardente. Le thème principal sont : les costumes. Ce thème secondaire, le troisième de la soirée, portait sur les plumes. Les mots à placer étaient : danser - agréable - flatteur.

Fandom : Hetalia
Personnages : Amérique/Alfred, Biélorussie/Natalya

Les cafés italiens

Venise et son carnaval. Venise et ses parades. Les gens, déguisés, qui rient, courent et s’amusent.

Et elle, au milieu, qui rumine et tournicote dans ses tête dans idées de vengeance. Envers qui ? Le premier qui lui causera du tort, elle ne sait pas encore sur qui ça tombera. Pour changer.

_ Allons, Natalya chérie, c’est super ici ! Feliciano a eu une idée délicieuse en nous invitant tous à son carnaval !

Et les remarques permanentes d’Ukraine, s’émerveillant d’un rien, n’aidait en rien les pensées de Biélorussie à être plus rose. Au contraire. D’ailleurs, elle n’aimait pas le rose, c’était une couleur beaucoup trop voyante à son goût. C’est bien pour cela qu’elle avait endossé le costume, noir comme l’enfer, d’une sorcière de conte.

_ Je n’aime pas ça, décréta la glaciale slave. Vraiment, je n’aime pas. Je déteste me donner en spectacle comme ça. Je rentre !

_ Natalya, att…commença son aînée.

Trop tard, la jeune femme était déjà loin.

Biélorussie cavalait à travers les rues de Venise. De partout, des gens déguisés menait un boucan infernal. Elle avait cru reconnaître devant un bar le trio des couillons en chef, France, Prusse et Espagne mais elle ne s’était pas arrêtée pour taper la causette. Ces types étaient insupportables ! Elle refusait de toute façon que quiconque la voit attifée ainsi ! Quelle honte pour elle !

Elle repoussa assez brusquement un groupe d’enfants qui protestèrent bruyamment, manqua trébucher sur un chapeau oublié mais glissa sur une substance étrange qu’elle ne voulut pas identifier. Trop tard pour se rattraper, elle ferma les yeux par réflexe, attendant la chute inévitable…

…qui n’eut jamais lieu.

Deux bras particulièrement puissants s’étaient interposés entre son corps délicat et le sol recouvert de détritus.

_ Le héros est arrivé à la rescousse ! S’exclama une voix énergique. Tout va bien, mademoiselle ?

Biélorussie se figea. Sur toutes les personnes présentes à ce maudit carnaval, il fallait qu’elle tombe sur lui. Le crétin en chef. L’abruti qu’elle ne pouvait pas voir en peinture. Le rival de son frère adoré. Lui.

Amérique.

Et ses mains sur sa taille…

_ Wah, wah, wah, je suis désolé ! S’écria Alfred en levant les mains en l’air.

La lame glaciale d’un couteau était tombée sur son cou. Sa pomme d’adam remua sous sa brusque déglutition alors qu’il observait la jeune femme qu’il venait d’empêcher de tomber et qui en retour le menaçait d’un couteau. Il la connaissait bien…

_ Biélorussie ?

_ Non ! !

Le couteau accentua sa prise sur la peau tendre, Amérique se figea d’autant plus en roulant des yeux paniqués.

_ J’ai rien fait de mal !

_ Lâche-moi tout de suite !

_ Mais je te touche même pas !

Natalya s’en rendit compte au moment même où il prononçait ces mots. Elle recula précipitamment, rouge de gêne. Pourquoi diable les mains de cet américain sur elle l’avaient mise dans un tel état ? !

_ Je ne pensais pas tomber sur quelqu’un que je connais, lâcha Alfred, qui s’était remis remarquablement vite de la menace. Ça me fait plaisir, tu es jolie comme tout.

_ Je pars !

_ Hein ? !

La jeune femme fit volte-face pour s’échapper mais fut stoppée de nouveau. La main d’Amérique sur son bras nu. Un frisson parcourut violemment Biélorussie. Un type déguisé en poussin ne devrait pas susciter de telles réactions chez elle ! Il avait même une espèce de bonnet couvert de plumes en guise de chapeau. Le comble de la bêtises !

_ Je te fais pas peur, quand même ?

Pourquoi devait-il avoir cette voix si sérieuse, grave et sensuelle, au lieu de son timbre de gamin hyperactif habituel ?

Minute, elle ne venait quand même pas de penser qu’Amérique avait une voix sensuelle ? ! Elle n’aurait pas dû manger la part de pizza qu’Ukraine lui avait achetée, les italiens devaient sûrement mettre des trucs louches dans leur cuisine. Comme les français !

_ Peur ? Répéta-t-elle, la voix glaciale. Le jour où j’aurais peur de…toi…n’est pas encore arrivé !

Le « toi » avait été craché avec mépris, accompagné d’un regard peu amène sur le jaune pétant du costume. Qu’est-ce qu’il lui avait pris de se déguiser de façon aussi ridicule ? Il n’y avait décidément que cet américain pour avoir des idées aussi stupides !

_ Alors, tu accepteras de prendre un verre avec moi ?

Ce sourire niais…ce regard plein d’espoir…Non, il n’avait pas le droit de la regarder ainsi, ce n’était pas loyal ! Ces yeux étaient trop bleus, son sourire trop sincère...trop craquant. Elle devait se ressaisir !

_ Evidemment, lâcha-t-elle en haussant les épaules. J’ai rien de mieux à faire.

_ Super ! !

Sans lui laisser le temps de réagir, Amérique avait déjà crocheté le bras de la jeune fille et l’avait entraînée avec lui au premier café venu. Et d’ailleurs, ce n’était pas un café, mais un ravissant salon de très à la décoration très romantique. Les tables n’avaient que deux place, et étaient séparées par des cloisons. Une musique douce résonnait dans les coins, et quelques couples dansaient même au milieu de la salle. Un vrai petit endroit intime, en somme. Biélorussie crut qu’elle allait s’évanouir. Il ne l’avait quand même pas fait exprès ? !

_ Tu veux danser peut-être ? Lui proposa Amérique.

_ J’aime pas danser.

_ Bon, tant pis…On a qu’à s’assoir.

Il l’entraîna à une table presque au fond, de sorte qu’ils ne voyaient plus l’entrée. Un serveur vint prendre leur commande, un sourire idiot aux lèvres. Biélorussie était mal à l’aise comme elle ne se souvenait plus l’avoir été.

_ Je reste pas longtemps, prévint-elle le garçon.

_ Bah, on est pas bien là ?

Justement, ils étaient trop bien. Trop seuls. Personne ne les voyait. Et la chaleur qui commençait à se propager dans le corps de la jeune femme était très dérangeante pour elle. Elle pria pour que tout se passe bien. Un café, et elle partirait. Après tout, le ricain l’avait invitée, elle aurait été bête de pas en profiter. Son frère aurait approuvé.

Biélorussie laissa le serveur leur apporter leurs commandes et essaya de boire son café d’une traite. Essaya, car le liquide était bouillant et elle ne put qu’avaler une minuscule gorgée. Amérique l’observait avec un air étrange.

_ Quoi ?

_ Rien. Ce costume te va drôlement bien. Les couleurs sombres t’ont toujours particulièrement mises en valeur…

Elle rougit furieusement sous le compliment. Il n’avait même pas le tact de le dissimuler, il y allait franco ! Cependant, c’était vraiment flatteur de se savoir belle aux yeux d’un homme.

_ Vraiment très jolie, murmura Alfred en faisant tourner sa cuillère dans sa tasse.

Natalya se sentit rougir encore plus. Se faire complimenter était certes très agréable, mais là, il en faisait trop le ricain ! Son café allait finir dans son col s’il continuait !

Elle manqua s’étrangler quand un contact pesa tout à coup sur son pied. Non, il ne faisait quand même pas ça ? !

_ Amérique…gronda-t-elle.

_ Quoi ? Répliqua ce dernier, avec un air trop innocent pour être honnête.

_ Arrête ça. Tout de suite. Tu as envie de garder ta patte, je suppose.

_ Ma patte, répéta le jeune homme en s’esclaffant. C’est vrai que je suis censé être un poussin !

Cependant, la pression sur le pied de Biélorussie était toujours là. Lentement, l’américain se mit à le bouger, d’avant en arrière, avec un air si sérieux que personne n’aurait pu imaginer ce qu’il faisait réellement. Natalya sentait ses joues la brûler si fort qu’elle savait qu’elle les trahissait pour deux. Mais il n’y avait personne pour les voir, heureusement où elle ne s’en serait jamais remise.

_ Arrête ça, marmonna-t-elle.

Le pied d’Alfred entama une marche arrière et elle se mordit la lèvre inférieure. Foutue fierté qui l’empêchait de se laisser aller avec un sacré beau parti. Elle avait toujours adoré ses épaules musclées, ses yeux si bleus, ses lèvres pulpeuses, ses…

Stop.

_ Et ne me fais pas ces yeux-là, ajouta-t-elle en essayant d’être sèche.

La moue implorante d’Amérique mettait ses nerfs à rude épreuve. Elle se crispa davantage quand il approcha sa chaise de leur table et qu’elle sentit leurs genoux se toucher. La table était vraiment petite.

_ Non…gémit-elle quand elle comprit que le jeune homme avait une autre tactique en tête.

Le genoux du blond s’était glissé sans vergogne entre les siens. La jeune femme se promit à partir de maintenant de toujours croiser les jambes à table pour éviter ce genre de désagrément. Elle n’avait pas encore pris feu mais c’était un miracle.

_ On est dans un lieu public…! Essaya-t-elle de protester.

_ Ah, tu ne me dis pas d’arrêter ? Constata Alfred, l’air suprêmement amusé.

_ Quoi que je dise, tu trouveras autre chose !

_ Hé bien, tu as l’air de m’avoir cernée comme il fallait…

_ Sale type.

_ Bah, ça n’a pas l’air de te déranger tant que ça !

Le rire idiot de cet idiot d’américain s’étrangla dans sa gorge quand Biélorussie lui pinça la cuisse. Rapidement, il glissa sa propre main sous la table pour faire prisonnière celle de la slave.

_ Lâche-moi.

_ Non, c’est drôle.

L’autre main d’Alfred chatouilla le genou de Natalya, presque sa cuisse et celle-ci manqua s’étouffer. Il avait une sacrée audace, l’américain, dans un café, à la vue de tous !

_ Penché ainsi comme un bossu, ironisa-t-elle, c’est clair comme de l’eau de roche, ce que tu es en train de faire !

_ Bah, c’est toi qui m’a dit que tu voulais pas de la manière discrète…

Natalya jeta un coup d’œil prudent derrière elle, histoire de vérifier que personne ne les épiait. Heureusement, de là où ils étaient placés, on ne pouvait pas les apercevoir en arrivant.

_ Je prends ça pour une confirmation, chantonna Alfred, l’air ravi.

Il recula et Natalya soupira presque de frustration quand le genou de l’imbécile fini se délogea de ses genoux. Cependant, il se décala de manière à se trouver juste à côté d’elle, leurs chaises collées l’une à l’autre, à l’image de leurs corps. Ses yeux s’écarquilla et de surprise, elle en oublia même de le repousser ou de protester. Elle n’aurait d’ailleurs pas pu, Alfred s’était penché pour l’embrasser . Ses lèvres étaient douces et chaudes, elles avaient le goût un peu amer du café. Elle se laissa aller au baiser avec plus de délices qu’elle n’aurait pu l’imaginer.

Prestement, Alfred passa un bras autour de ses épaules et, tout en l’embrassant, recommença à titiller le genoux de la slave de sa main libre. Elle se cambra légèrement sous le chatouillis qu’il provoquait, et remarqua avec un certain embarras qu’elle avait très chaud dans une zone très particulière de son anatomie. Amérique était le diable de lui provoquer de telles sensations.

_ C’est un lieu public, réussit-elle à gémir entre deux baisers.

_ C’est encore plus jouissif…murmura le jeune homme. Il nous suffit d’être discret…

_ Toi, discret ?

_ Je sais me montrer très discret quand je veux…

Du bout des doigts, Amérique remonta lentement le long de la jambe de Biélorussie, qui se trouvait très heureuse d’être occupée à l’embrasser pour dissimuler les soupirs qu’elle aurait poussé sinon. Il avait déjà glissé sa paluche sous sa jupe - plus courte qu’à l’ordinaire - et s’amusait à faire durer le plaisir en faisant courir ses doigts sur la peau tendre de l’intérieur de sa cuisse. Les mains de la slave était crispée sur le rebord de la table, si fort qu’elle imaginait qu’elle allait finir par y enfoncer les doigts.

Elle s’arqua quand Amérique atteint enfin le point le plus sensible de son corps. Des vagues de plaisir parcouraient son bas-ventre comme des décharges électriques alors qu’il n’avait encore rien fait. Elle devait vraiment être en manque, ou sacrément accro, pour ressentir les choses aussi fort.

_ Alfred…gémit-elle.

Ce dernier sembla considérer qu’il ne l’occupait pas assez de ce côté-là car ses baisers se firent un peu plus fiévreux. Il n’avait néanmoins pas arrêté son exploration de l’intimité de la jeune femme, bien au contraire. Celle-ci arquait le dos sous le plaisir qu’il lui procurait rien qu’avec sa main - très habile, elle devait bien l’avouer - écartant les cuisses pour en profiter toujours plus.

Il ne lui fallut que quelques instants de plus pour que le plaisir explose en elle, et s’ils n’avaient pas été en train de s’embrasser, nul doute que tout le café aurait été au courant de leur petite activité.

Haletante, elle lui jeta un regard mi-fâché mi-moqueur alors qu’il s’écartait d’elle avec un sourire satisfait.

_ Tu n’avais que cette idée en tête, l’accusa-t-elle.

_ A vrai dire, j’espérais plutôt une petite excursion dans une chambre d’hôtel, mais on fait avec ce qu’on a…se moqua Alfred.

_ Démon lubrique !

_ Tu as adoré ça…

Elle se contenta de détourner les yeux, les joues rouge de nouveau. Fébrile, elle lissa les plis de sa jupe de sorcière et prit sa tasse de café pour se donner une contenance.

_ Venise, c’est la ville des amoureux, il faut en profiter…murmura-t-elle avec un sourire qui en disait long.

_ Non, c’est Paris, objecta la slave.

_ On pourrait essayer Paris aussi, ça me dérange pas. Mais en attendant, tu n’as pas envie qu’on teste Venise un peu mieux ?

_ Genre, dans une chambre d’hôtel ?

_ Tu parles comme Pologne tout à coup, c’est marrant.

_ C’est un compliment ou bien…?

_ Personnellement, je te préfère à lui. Malgré son apparence, il reste trop masculin à mon goût.

Natalya ne put s’empêcher de sourire. Elle acheva rapidement son café désormais tiède et se leva.

_ Justement, je voulais rentrer, déclara-t-elle. Le festival m’ennuie. Tu m’accompagnes ?

Amérique ne se fit pas prier. Il se leva en jetant un gros billet sur la table et s’empara du bras de la jeune femme avec une certaine possessivité.

_ Alors là, on ne me le fera pas dire deux fois !

Vendredi 22 février 2013 à 21:56

One-shot écrit dans la cadre de la nuit des lemons de la Fitcothèque Ardente. Le thème principal sont : les costumes. Ce thème secondaire, le premier de la soirée, portait sur les capes. Les mots à placer étaient : éclatant, se cacher, changer. 

Fandom : Professeur Layton (jeu vidéo)
Personnages : Jean Descole, Randall Ascott. 
Spoiler du jeu 5 : "Le masque des miracles" et présence de yaoi

D'or et de cuivre

La cape était soyeuse et glissait comme de l’eau entre ses doigts.

_ Ça te plait ?

_ Hn…

_ Dis-moi, insista l’homme.

_ Ça fait carnaval.

_ Bah, c’est le bon moment, non ?

Un masque éclatant d’or et de cuivre se tourna vers l’autre, un loup immaculé digne d’un carnaval de Venise. Si l’un était tout en sombre tenue et camouflage - si un homme à cape et tricorne pouvait évidemment se cacher de manière efficace - l’autre, tout de blanc et de paillettes, évoquait un gentleman cambrioleur d’un autre temps. Blanc et noir. Attraction et répulsion.

Le masque doré fut ôté à toute vitesse et les lèvres brunies de soleil de Randall se pressèrent avec avidité contre celle de son complice. Ce dernier se laissa faire un instant avant de rompre leur étreinte.

_ Que me vaut ce baiser ?

_ Rien. J’avais envie, c’est tout.

Le roux refusait d’avouer clairement ce qu’il ressentait pour celui qui l’avait sorti de l’anonymat. Désir, reconnaissance, admiration, tout se mélangeait, au point qu’il en avait du mal à réfléchir quand il était en sa présence.

_ Pourquoi tu te caches sous ce masque ?

_ Et si tu arrêtais de poser des questions sur un sujet qui ne te regarde aucunement ?

Randall se colla contre le corps de l’autre, brûlant, le cœur palpitant. Il se savait ensorcelé et adorait ça. Jean était celui qu’il attendait depuis des années. Il n’avait d’ailleurs sûrement vécu que pour que ce moment arrive. Pour le moment où il arriverait un jour, tel un prince, lui révéler tous les secrets de son passé. Pour lui proposer son aide, afin de l’aider à récupérer ce qui lui revenait de droit.

Les mains de Descole se posèrent dans son dos, lentement, avec retenue. Son amant était toujours très prudent, et Randall adorait être celui qui prenait le dessus, qui menait la danse. C’était bien la seule chose dans leur relation où c’est lui qui dominait. Il en profitait un maximum.

Le rouquin s’empressa d’éteindre les lumières de la chambre d’hôtel. Jean refusait catégoriquement qu’il voit son visage. Il lui avait avoué qu’il avait une cicatrice, vestige d’un ancien accident et c’est pour cela qu’il portait en permanence ce masque lugubre. Randall était contre cette gêne entre eux. Comme si cela aurait changé quoi que ce soit pour lui ! Il aimait Jean tel qu’il était, cet esprit aiguisé, ce corps parfait, cette voix rocailleuse et pleine de sarcasmes…

_ Je te veux…

_ Je m’en serais douté.

Randall poussa Jean sur le lit et entreprit de le déshabiller lentement, se délectant des mouvements lascifs qu’il provoquait, de la chaleur de la peau de son amant sous ses mains. La cape immaculée fut rapidement le seul morceau de tissu présent entre eux.

_ A quoi tu joues ? Lâcha Jean, la voix mi-sifflante mi-agacée.

_ Laisse-toi faire…

_ Tes petits jeux ne m’am…

Randall scella leurs lèvres pour faire cesser les protestations agaçantes de son amant. Ce dernier s’arqua quand le tissu le frôle en une caresse sensuelle. Jean s’écarta juste le temps d’une phrase acide comme il avait tellement l’habitude.

_ Se servir d’un accessoire de carnaval pour pimenter un ébat…

_ De doute façon, tu adores ça, répliqua Randall.

La cape fut cependant rapidement abandonnée alors que les deux hommes accéléraient la cadence des caresses érotiques et des baisers enflammés. Les hanches de Jean ondulaient sous le corps athlétique de Randall qui sentait sa résistance factice s’amenuiser petit à petit.

_ Profite-en bien…Haleta ce dernier.

_ J’ai bien l’intention…!

Le corps brûlant, Randall s’unit à Jean dans un gémissement de bonheur et tous deux s’oublièrent un instant dans le plaisir et la volupté.

_ Un, deux, trois, Dorémont s’ébat !

Le Festival de Dorémont battait son plein. Randall prit une grande inspiration et s’avança triomphalement, s’attirant les exclamations de surprise de la foule en contrebas.

_ Mesdames et Messieurs, merci d’être venus !

Il était temps de bousculer la petite vie bien rangée de ces sales bourgeois.

Jeudi 1er novembre 2012 à 0:44

Toujours dans le cadre de la nuit des lemons de la Ficothèque Ardente du 31 octobre 2012, voici le second thème de la nuit auquel j'ai également participé : Les fantômes. Les mots à placer étant : colère, caressant et déguisement. Défi relevé !
Cette fois-ci, mon os se déroule dans le fandom d'Hetalia, qui appartient à Hidekaz Himaruya. Le titre vient de l'ouragan qui sévit en ce moment sur les côtés américaines, des fois, l'actualité, ça sert. Franchement, vu l'heure, je n'ai pas envie d'en dire plus xD. Bonne lecture !
Frankenstorm

Amérique observa son déguisement d’Halloween avec une certaine fierté. Qui avait-il de plus beau qu’un costume à la fois simple, pratique et aussi cool que celui-ci ? Aucun, évidemment. Il s’était surpassé cette fois-ci, il était temps d’aller à la chasse aux bonbons.

Quand son gouvernement avait annoncé l’annulation d’Halloween à cause du récent ouragan, il en avait été mortifié. Enfin, avait-il hurlé à qui voulait bien l’entendre, on ne pouvait pas annuler une tradition telle qu’Halloween. Le temps ne changeait rien à la situation, tous les enfants attendaient cet événements avec impatience. Il avait bassiné son gouvernement pendant plusieurs heures, tentant tous les arguments possible et imaginables, du plus sensé au plus stupide, mais son président avait été intransigeant et le jeune garçon avait filé par le premier avion disponible, furieux et vexé comme un pou. Il n’avait bien entendu par regardé sa destination et avait atterri en Biélorussie sans comprendre pourquoi entre toutes les destinations possibles et imaginables, il avait fallu qu’il tombe sur le pays de la sœur de l’autre co…de Russie.

Mais ce n’était qu’un léger contretemps, même pas un ennui, de toute façon Alfred n’était pas du genre à se laisser abattre par l’accueil aussi tranchant que froid d’une lame de poignard sur sa gorge. Il avait réussi à convaincre la jeune Natalya de lui accorder l’hospitalité pour une nuit, après une heure de négociations plutôt houleuses. C’est qu’elle était dure en affaire, la demoiselle. Il avait fini par gagner quand il avait évoqué l’idée de se rendre en Russie embêter son rival de toujours. Une lueur d’un étrange sentiment qu’il n’avait pas compris avait traversé le regarde de Biélorussie et elle lui avait alors ouvert sa porte, avec un rictus glacial. Et Amérique s’était installé dans la chambre qu’elle lui avait laissé.

_ Si je t’entends…avait sifflé la jeune fille. Ou si je te vois…Si tu te fais remarquer de la moindre façon…Je te plante, non pas un, mais trente-et-un couteau dans les fesses. Un pour chaque jour du mois.

Alfred avait acquiescé et elle avait fermé la porte. Cependant, elle ne l’avait pas verrouillée et Alfred, tout content, s’était évidemment mis dans la tête d’enfiler son déguisement pour aller réclamer des bonbons aux voisins. Il ne savait pas si cette coutume existait en Biélorussie mais songeait que si ce n’était pas le cas, qu’il était temps qu’ils apprennent à la connaître !

Sans réfléchir davantage - si au moins il avait réfléchi ne serait-ce qu’une seconde - Alfred enfila le drap aux couleurs du drapeau américain qui était censé le transformer en fantôme terrifiant. Et il ne fallait pas oublier la touche patriotique, il en était très fier.

Alfred sortit de sa chambre et descendit les escaliers de la maison de son hôte, qui n’était pas très grande mais chaleureuse et joliment décorée, il se serait plutôt attendu à se retrouver dans une forteresse gothique froide et terrifiante. Il était agréablement surpris, il n‘aurait pas aimé se retrouver dans ce genre d‘endroits le jour d‘Halloween. Oh, ce n’était pas qu’il avait peur, pas du tout, mais les revenants étaient si chatouilleux…

Il entendait comme une musique provenait du fond du couloir de l’entrée mais préféra ne pas aller voir de quoi il retournait. Il devait s’agir de la chambre de Natalya et elle lui avait bien fait comprendre qu’elle n’accepterait aucun travers sous son toit. Il allait sortir faire son tour et revenir sans qu’elle le remarque, elle n’aurait pas à se plaindre de lui. Il ramènerait plein de bonbons et lui en offrirait, ça lui ferait certainement plaisir.

Alors qu’il posait sa main sur la poignée de la porte d’entrée, un bruit de chasse d’eau retentit et une porte s’ouvrit dans le couloir, l’inondant de lumière. Il sursauta et se tourna vers la jeune femme qui sortait tout juste des toilettes. Leurs regards se croisèrent, ou du moins, Alfred le vit ainsi car lui était entièrement caché sous son drap coloré. Natalya n’avait pas sa vision des choses était devenue toute blanche.

_ Qu-qui êtes-vous ? Balbutia-t-elle.

Elle se saisit vivement du balai-brosse qui traînait à sa portée et le brandit comme une arme. Alfred recula d’un pas.

_ Qu’est-ce que vous faites chez moi ? Poursuivit-elle, la voix oscillant entre agressivité et inquiétude. Comment vous êtes entré ?

Elle semblait à deux doigts de sauter sur l’intrus présumé. Celui-ci leva les mains en signe d’innocence :

_ Natalya ! Natalya ! C’est moi, enfin, Alfred !

Alfred ôta vivement son drap pour se faire reconnaître. Il savait la Biélorusse chatouilleuse et prompte à la défense, il préférait se faire connaître avant de passer un sale quart d’heure, surtout qu’elle ne semblait pas d’humeur à subir une plaisanterie. Et il lui avait promis de pas se faire remarquer après tout…

_ Pardon, je t’ai fait peur ? Demanda-t-il avec un sourire d‘excuse. Je voulais pas, en fait, je partais faire le tour du quartier pour avoir des bonbons, tu comprends, c’est Halloween et…

_ Gros connard ! Le coupa la biélorusse en balançant son poing dans la figure du garçon.

Ce dernier ne put éviter l’attaque fulgurante et reçut la beigne en plein visage. Elle avait heureusement visé la joue et ses lunettes ne subirent aucun dommage. Il recula néanmoins sous l’impact, c’est qu’elle avait une sacrée force ! Il recula encore plus sous le regard de psychopathe prêt à tuer qu’elle lui lançait. Malheureusement, la porte d’entrée le bloqua dans sa tentative de fuite. Il ne savait pas s’il aurait le temps de l’ouvrir et de filer avant que la jeune femme ne lui tombe dessus et décida de lancer les pourparlers.

_ Je me suis pas fait remarquer ! Couina-t-il de manière fort peu virile, espérant sauver ses fesses, au sens propre comme un figuré.

Natalya était en colère. Non, c’était plus que ça, elle était littéralement hors d’elle. Ce fichu type à grande gueule avait débarqué chez elle et depuis, elle n’avait plus un instant de répit. Vivement que l’ouragan qui sévissait en Amérique aille narguer d’autres pays, le garçon n’était chez elle que depuis deux heures et elle en avait déjà assez. Comment son frère pouvait-il trouver intérêt à ce…truc ? Elle en aurait hurlé de désespoir et de frustration.

_ Qu-que…bafouilla-t-elle, incapable de trouver les mots justes. Comment tu…pas chez toi…ridicule…vu ta tronche…se balader comme ça…la nuit…bonbons…j-je…Raaah ! !

Le balai-brosse vola, Alfred l’esquiva de justesse et Natalya se rua dans sa chambre dont elle claqua la porte si violemment que toute la maison en trembla.

_ Hé bien…qu’est-ce qu’il lui arrive ? S’étonna Amérique, son drap toujours à la main.

Il était tellement surpris qu’il en oublia son projet initial, celui d’aller quémander des bonbons. Il regarda son drap, haussa les épaules avec un soupir et traversa le couloir pour aller frapper à la porte de la demoiselle.

_ Natalya.

_ Dégage ! Répondit une voix étouffée.

_ Je…

_ Je veux pas te parler. Casse-toi, va chercher tes bonbons, faire le con, après tout, y a que ça qui t’intéresse ! Abruti !

La douleur dans la voix de la Biélorusse toucha plus l‘américain que l‘insulte crachée à son égard. Il s’assit par terre et s’appuya contre la porte, ne sachant comment faire pour que celle-ci s’ouvre. Il n’était pas du genre à faire attention aux émotions des autres, mais la tristesse de Natalya l’inquiétait d’une étrange façon. Il ne voulait pas la laisser ainsi et ferait tout pour se faire pardonner.

_ Je sais pas ce que j’ai fait pour…pour te mettre en colère comme ça…soupira-t-il.

_ Je t’ai dit de dégager !

_ Mais euh, explique-moi au moins ! Geignit-il comme un enfant capricieux.

_ T’expliquer ? Mais tu ne pourras pas comprendre, imbécile. Tu ne comprends jamais rien à rien ! Je me demande comment mon frère a pu te témoigner autant d’intérêt durant toutes ces années.

_ C’est parce que je suis la première puissance mondiale ! Lança Alfred, fier comme un paon.

_ Tu ne l’es que parce qu’il t’a laissé gagner. Tu n’as rien d’autre pour toi.

Amérique gonfla les joues, vexé : mais pourquoi prenait-elle un malin plaisir à le rabaisser et l’humilier alors qu’il souhaitait simplement s’enquérir de manière très serviable de son état ?

_ Mais qu’est-ce que tu me reproches à la fin ? ! S’écria-t-il.

_ Tu es un gamin.

_ Mais non !

_ Si. Tu crois que c’est adulte et responsable de se déguiser ? Oh, si encore ça avait été un déguisement normal, mais non, il a fallu que tu montres une fois de plus à quel point tu étais stupide. Franchement, ton drapeau…

_ C’est qu’une fois dans l’année ! Tu pourrais être indulgente.

_ T’as pleins d’autres défauts ! S’énerva la Biélorusse derrière la porte. Tu ne fais jamais attention aux autres.

_ Si c’était le cas, tu crois que je serais resté à te harceler pour savoir ce qui te tracasse ?

Il y eut un étrange bruit derrière et la porte et Amérique comprit qu’il avait gagné.

_ Je le crois pas, souffla Natalya.

Il y eut un autre silence, puis la porte s’ouvrit brusquement, faisant tomber le jeune homme qui s’y appuyait toujours.

_ Hey ! Protesta-t-il.

Natalya l’enjamba sans se soucier de son cri et s’assit sur son torse avec une impériale arrogance.

_ Alors comme ça, susurra-t-elle, la première puissance mondiale se fait du souci pour moi ?

Alfred déglutit : il ne savait pas pourquoi, mais la voix suave de la Biélorusse lui faisait tout à coup plus peur que son ton menaçant. Il essaya de se faire tout petit, mais l’attention de la jeune femme était entièrement focalisée sur lui et il n’avait aucun moyen de s’échapper sans devoir la jeter au sol au passage. Il se résigna donc à subir ce qu’elle lui réservait.

_ Je suis flattée…poursuivit Natalya. Et touchée aussi, je dois bien l’avouer.

Sa voix avait pris les accents d’une tendresse à laquelle le jeune premier américain ne s’attendait pas. La jeune femme passa sa main fine sur le front du garçon, le dégageant de ses mèches caramel.

_ Qu…tu fais quoi ? Bafouilla ce dernier.

_ Je me sens seule en ce moment, chuchota Biélorussie. Et quelqu’un que je n’avais pas remarqué avant…hante mes pensées plutôt régulièrement ces derniers temps. Ça m’ennuie. Je me sens encore plus seule, du coup.

_ Euh…ah bon ?

_ Tu es tout seul en ce moment aussi, je me trompe ? Ça ne te pèse pas, de temps en temps ? Notre statut de nation…est des fois un fardeau.

_ Ah, oui, je comprends très bien…bafouilla une nouvelle fois Alfred en se grattant la joue. C’est pas facile pour personne…

_ Je te parle de toi et moi, le coupa la jeune fille.

_ Euh…

_ Tu ne veux pas combler ta solitude de nation avec moi…? Poursuivit-elle d’un ton caressant.

A ce moment-là, Alfred comprit où elle voulait en venir et rougit furieusement.

_ J-je…euh…t-tu…crois…? J-je…je veux dire…que…

_ Te voilà à balbutier comme un petit garçon à qui une fillette vient de déclarer sa flamme.

Le ton de Natalya était moqueur et Amérique sentit une bouffée de fierté fort peu mature l’envahir. Sans crier gare, il se redressa sur les coudes et posa sa bouche sur celle de la blonde. Ce ne fut qu’un baiser bref, mais il la laissa interloquée. Amérique sourit de manière victorieuse.

_ Et toi, tu ressembles à une adolescente qui vient de se faire voler son premier baiser…

_ Espèce de…

Des mains fines s’agrippèrent au col de son blouson d’aviateur et Alfred se retrouva pressé une nouvelle fois contre les lèvres fraîches de Natalya. Le baiser fut vorace, livré comme une bataille, aucun des deux n’acceptait la domination de l’autre.

_ L-la chambre…haleta Alfred alors que son blouson tant aimé lui était arraché sans le moindre ménagement.

_ On est seuls, quelle importance ? Répliqua Natalya.

Elle agrippa d’autorité les mains d’Alfred et les glissa dans son dos, droit sur les petits boutons bien gênant de sa robe austère. Le jeune homme ne se fit pas prier pour les déboutonna un à un, non sans embrasser encore et encore la Biélorusse dont la peau se faisait de plus en plus chaude à mesure que son désir grandissait.

Et enfin, la robe tomba. Dessous, elle ne portait qu’un soutien-gorge et une simple culotte, et ce n’étaient pas ces ridicules obstacles qui retiendraient Amérique très longtemps. Il laissa sa partenaire ôter avec une lenteur exaspérante son propre tee-shirt et son pantalon afin qu’ils soient à égalité. Elle semblait prendre beaucoup de plaisir à sa frustration.

_ Tu as fini ? Râla-t-il.

_ Allons, le plaisir est toujours meilleur lorsqu’on se retient…gloussa-t-elle.

Enfin, les vêtements furent jetés au loin et Alfred entreprit de découvrir le corps frêle de Natalya. Elle était presque entièrement offerte à lui et il se découvrait avec étonnement un réel désir pour elle. Pourtant, il n’avait jamais tellement prêté attention à elle auparavant.

_ Al…gémit-elle.

Amérique oublia en un instant ses réflexions philosophiques à l’entente de cette voix pleine de désir contenu. Il reporta son attention sur la jeune fille, se sentant bien bête de l’avoir presque occultée en un moment pareil. Il se rattrapa bien vite en la comblant d’autant plus de tendres attentions. Il n’avait pas oublié leurs sous-vêtements et s’en débarrassa promptement pour passer aux choses sérieuses.

Natalya se cambra quand elle sentit son amant s’insinuer tout contre elle. Elle s’agrippa aux épaules musclées quand il entra enfin en elle et ils s’abandonnèrent tous deux au plaisir sans la moindre retenue.

Alfred bailla bruyamment et se cala confortablement parmi les coussins colorés qui envahissaient le lit de Biélorussie. Il avait beaucoup ri en apercevant un coussin en forme de cœur et avait manqué mourir quand elle avait tenté de l’étouffer avec. Après une lutte sérieuse pour sa survie, Amérique avait fini par s’excuser, ne sachant plus trop si son manque d’air était dû au coussin ou bien à son fou rire. Ils s’étaient tous les deux traînés jusqu’au lit pour se glisser sous la couette quand ils avaient enfin repris leur souffle après leur ébat et depuis, se prélassaient l’un contre l’autre en se réchauffant respectivement. Le jeune homme croisa les bras derrière sa tête. Il se sentait bien et à l’aise, et une envie de taquiner son amante le prenait.

_ Tu me trouves toujours aussi stupide ? Demanda-t-il avec un sourire mutin.

Natalya haussa les épaules et se contenta de se blottir un peu plus contre lui pour ne pas perdre une miette de sa chaleur. Les yeux obstinément fixés sur un point qui n’était pas l’américain, elle marmonna :

_ Bah…faut croire que tu sais toujours retomber sur tes pattes…p’tit malin.

_ Je ne suis pas petit ! Se vexa Alfred.

_ Oh, si. Tout petit. Tu ne fais pas le poids face à mon frère…de tous les côtés.

Amérique saisit immédiatement à quoi faisait allusion la Biélorusse et un sourire carnassier étira ses lèvres.

_ Ah, vraiment ? Se moqua-t-il. Il me semblait que tu pensais le contraire tout à l’heure…

_ Peuh. Ce n’était pas si extraordinaire que ça.

_ Bah, ce n’est pas grave. Je vais me faire un plaisir de recommencer autant de fois qu’il sera nécessaire pour que tu changes d’avis.

Rapidement, il fit basculer sur le dos la Biélorusse qui poussa un grand cri de surprise. Alfred l’embrassa une énième fois de la soirée et malgré les paroles méprisantes qu‘elle avait eu envers lui un instant auparavant, la jeune femme accueillit avec beaucoup d’ardeur. La nuit allait être longue.

 

Mercredi 31 octobre 2012 à 22:11

Participation à la nuit des lemons du 31 octobre 2012, du forum Ficothèque Ardente.
Pour cette soirée consacrée à Halloween, le premier thème était : les vampires. Les trois mots à placer étaient les suivants : félin, flamme et tremblement. Défi relevé !
Je n'ai pensé à aucun fandom en particulier en écrivant ce très court os, donc la conclusion logique est qu'il s'agit d'une originale et que tout m'appartient. Bonne lecture.
Elle n'aurait pas dû sortir

Elle n’aurait pas dû sortir ce soir.

Oh non, vraiment pas. Ce soir-là, les créatures fantasmagoriques étaient de sortie, pour la nuit qui leur était consacrée. Et si elle n’était pas sortie, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais n’était-ce pas merveilleux que ceci lui arrive ?

Les mains fines de la créature exploraient son corps en une caresse lascive, terriblement appréciable mais surtout terriblement diabolique. Elle s’arqua d’un seul coup sous la douceur de ces deux mains chaudes sur sa peau et poussa un halètement. Terreur, plaisir ? Dans l’état dans lequel elle se trouvait, elle n’en savait plus trop rien elle-même.

Ses frissons se changèrent en tremblements quasiment incontrôlables alors qu’une langue taquine parcourait sa gorge et un ricanement moqueur échappa à la créature. Celle-ci prenait un malin plaisir à lui faire ressentir des émotions en contraction avec ce qu’elle lui faisait vivre. Mais elle n’arrivait même pas à lui en vouloir. Elle n’arrivait pas non plus à s‘effrayer. Elle n’arrivait plus à rien, seul comptait pour elle ce plaisir brûlant dans lequel elle plongeait sans retenue.

Elle n’aurait pas dû sortir, n’est-ce pas ?

Seuls les démons tout droit sorti des plus chaudes et diaboliques flammes de l’enfer pouvaient procurer de telles sensations en ôtant la vie. Ils étaient des êtres aussi diaboliques que divins. La différence était trop mince pour les classer dans une seule catégorie.

Quand il s’était approché d’elle, dans cette rue pas très fréquentée, elle n’avait vu en lui qu’une incarnation divine, pas l’horrible créature qui se cachait sous le masque de marbre et le superbe sourire. Elle s’était laissée emporter sans opposer la moindre résistance, envoûtée par le charme félin et terriblement attirant qu’il dégageait. Elle n’avait pas pu lutter mais ne se sentait pas coupable : aucun humain ne pouvait résister à ces créatures. Cette-nuit, elle était la proie, la créature en avait décidé ainsi. Qu’était-elle pour s’opposer à un dieu ?

Non, elle n’aurait pas dû sortir. Mais elle ne regrettait pas. Il lui était impossible de regretter quoi que ce soit. La créature gémit à son tour, elle était lassée de s’amuser avec sa proie. Jouer ne lui convenait plus, elle devait être impatiente de pouvoir enfin savourer le mets de choix qui lui avait été servi sur un plateau. Après tout, elle n’avait vraiment opposé aucune résistance. Il n’y avait pas eu de chasse, pas de course-poursuite, rien de suffisamment excitant pour cette créature qui aimait la résistance et le challenge.

Il était temps d’en finir.

Deux crocs se plantèrent dans la gorge de la jeune victime, avec une telle délicatesse qu’elle n’en ressentit qu’un doux mordillement qui la plongea dans un abîme de sensations toutes plus plaisantes les unes que les autres. Elle gémit et rejeta la tête en arrière, réclamant plus. Elle sentit la créature sourire contre sa peau. Il se moquait d’elle. Que diable ! Elle n’en avait plus rien à faire.

Mourir était un délicieux plaisir.

Elle ferma les yeux dans un dernier soupir de bien-être, laissant la créature se gorger de son fluide vital dans opposer la moindre résistance.

Non, décidément, elle n’aurait pas dû sortir. Mais il était trop tard pour s’en rendre compte.

Samedi 27 octobre 2012 à 12:00

INUTILE

Résumé : Je me sens tellement inutile. Si je n'étais pas là, je ne vois pas qui s'en soucierait véritablement. Mais je ne veux pas disparaître, j'ai trop peur de ce qu'il y a après, ça me terrifie ! S'il te plaît, prends-moi dans tes bras, serre-moi fort, prouve-moi que j'existe au moins à tes yeux, puisque tu te sens seul, toi aussi. 
Attention, cette fiction contient une scène sexuelle, pas extrêmement détaillée mais présente, et quelques idées dépressives et morbides,  de l'alcoolisme (il ne faut surtout pas suivre l'exemple des personnages). 
Les personnages proviennent du manga Hetalia et appartiennent à Hidekaz Himaruya. Si je me suis trompée sur l'orthographe, je m'en excuse. 
Ce texte a été écrit dans le cadre des défis "le mouvement perpétuel", organisé par la Ficothèque Ardente. Il s'agissait pour ce défi d'écrire un one-shot entre 500 et 5000 mots en s'inspirant d'une photo (de la Faucheuse) et en utilisant certains mots (joie, libre, rire, aimer, bonheur et nuage) que j'ai mis en gras dans le texte. J'ai relevé le défi, je ne suis pas totalement satisfaite de rendu final et je sais que je le réécrirais un jour. Plutôt que faire une death-fic comme pourrait le faire croire la représentation de la Mort, j'ai préféré utiliser une autre facette de son image, celle de la destruction, essentiellement morale. Rien de très joyeux quand même. Bonne lecture, j'espère.
 

_ Comment l’aimes-tu ?

Suisse cessa d’astiquer son fusil, étonné de la question. Liechtenstein se tenait bien droite devant lui, ses petites mains serrées l’une contre l’autre.

_ Je te demande pardon ?

_ Je…je voudrais savoir…à quel point tu l’aimes…

Le fusil fut lentement posé sur la table à côté de laquelle Suisse travaillait. Il tenta d’accrocher le regard de Liechtenstein qui persistait à garder les yeux baissés sur les motifs alambiqués du tapis.

_ De quoi parles-tu ?

_ De…Oh, grand frère, tu sais très bien de qui je parle !

La jeune fille osa enfin croisa le regard vert de son protecteur.

_ Tu…tu pensais à lui, je le sais, tu marmonnais…Tu marmonnes toujours quand tu penses à lui…Tu penses toujours à lui !

_ Gretchen, de qui…

_ S’il te plaît…S’il te plaît, Basch ! Ne me mens pas, pas à moi !

Suisse écarquilla les yeux, sous le choc : c’était terriblement rare que la petite Liechtensteinoise l’appelle par son prénom, l’appelle autrement que « grand frère ». Il ne pouvait qu’en être ahuri.

_ Je ne veux pas te mentir…balbutia-t-il.

_ Alors, dis-moi. Dis-le moi au lieu de me laisser espérer…Je t’en supplie !

Gretchen prit les mains de son frère entre ses mains et plongea ardemment ses doux yeux dans les siens.

_ Dis-moi que tu l’aimes. Dis son nom. Dis-le !

Terrorisé, Suisse secoua la tête.

_ Lily, tu…hoqueta-t-il. Qu’est-ce qui te prend ? Tu n’es…pas dans ton état normal.

_ Basch, je suis exaspérée ! S’exclama la jeune fille. Je t’aime, je t’adore, mais tu ne me regardes pas ! Tu ne me vois pas ! Tu n’as que cet autre dans le cœur, dans la tête ! Il faut que tu l’exorcises, autant pour moi que pour toi !

_ Je…

_ Basch, je vais très bien, lui assura Gretchen avec un sourire doux. Je veux juste ton bien, tu sais. Et tu as trop tendance à croire que je suis une toute petite fille…Basch…Tu sais, je t’aime, je t’aime vraiment…

_ Lily…

_ Je t’aime, mais je sais que ce n’est pas réciproque…Je sais que tu aimes quelqu’un d’autre, tu le sais aussi, tu es loin d’être idiot…

_ Je ne veux pas parler de ça !

_ Mais ça me fait souffrir !

Suisse déglutit.

_ C’est pas…je ne l’aime pas ! C’est un imbécile, et…!

_ C’est toujours le même refrain, grand frère…soupira Liechtenstein.

Des larmes brillaient dans ses yeux, Suisse ne put soutenir une telle vue et regarda ailleurs.

_ Tu es malheureux. Et lui aussi. Je ne suis pas la seule à le voir, tu sais…

_ Q-Quoi ? !

_ Hongrie, Prusse. Tu sais, ils sont heureux, tous les deux. Il n’y a rien qui vous retienne, tu sais…Pourquoi tu hésites encore ? Vous n’êtes pourtant plus des enfants…

_ Je…

_ Grand frère, s’il te plaît. Dis-le. Dis que tu aimes Autriche. Il le faut.

_ Lily…

Suppliant, Suisse essayait d’interrompre sa petite sœur dans son sermon. Il ignorait pourquoi elle tenait absolument à ce qu’il avoue des sentiments inexistants envers ce type qu’il méprisait, il ignorait pourquoi elle avait lancé cette conversation et cette situation le mettait dans un état proche de la crise de nerfs.

_ Je l’aime pas, enfin…

_ Mais si, tu l’aimes !

_ Mais non, voyons ! Pourquoi j’aimerais ce type ?

_ Et pourquoi pas ?

L’argument était certainement parable, mais Suisse ne trouva rien à répliquer. Liechtenstein eut un sourire triste.

_ Tu pourrais au moins me le dire à moi…on se fait confiance, non ?

_ C’est pas le problème…

_ Moi, je crois que si. Je pensais qu’entre nous, c’était…différent. Je sais que tu ne ressens que de l’affection pour moi, pas de l’amour, mais je pensais qu’on se faisait confiance. Qu’on se disait tout.

_ C’est le cas…

_ Pourquoi tu as honte ? Parce que c’est un garçon ?

_ Mais arrête, bon sang ! !

Lily se tut et poussa un soupir désabusé.

_ Je…vois…Si tu es persuadé que nier est la meilleure solution, je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus.

_ Je…

_ Je suis désolée de t’avoir embêtée, tu sais, grand frère. Je voulais juste…mais ce n’est pas grave. Excuse-moi.

Liechtenstein tourna les talons et prit la direction de la porte. Elle regrettait d’avoir échoué mais songeait déjà à une nouvelle approche, peut-être plus délicate. Et puis, qui savait, Suisse avait peut-être besoin d’un peu de temps pour assimiler ce qu’il ressentait…

_ Lily !

L’adolescente s’arrêta, une main sur la poignée, et se tourna vers son protecteur.

_ Tu…tu crois vraiment ? Souffla-t-il.

Elle sourit avec douceur, l’espoir refaisant surface. Hongrie avait eu raison de lui dire de prendre le taureau par les cornes.

_ J’en suis sûre.

Suisse marmonna un juron en enfouissant son visage entre ses mains. Compatissante, Liechtenstein le rejoignit et le prit dans ses bras malgré sa tristesse.

_ Ce n’est rien, chuchota-t-elle. Ça va aller…C’est n’est pas grave, bien au contraire ! Tu aimes, c’est plutôt merveilleux.

_ C’est de toi que j’aurais dû tomber amoureux.

_ Bien entendu, j’aurais bien aimé, moi aussi, essaya de plaisanter la jeune fille.

Elle posa un baiser délicat sur le front de son amour, comme pour l’assurer qu’il n’avait rien à craindre, qu’elle lui accordait sa bénédiction. Ce geste la brisait, mais elle sentait qu’il était temps qu’elle abandonne. Elle ne pouvait pas gagner la lutte, il valait mieux renoncer à Suisse.

_ Je vous souhaite beaucoup de bonheur, tu sais, murmura-t-elle. Sincèrement.

_ Lily…

Suisse referma ses bras sur la taille fine de sa petite sœur et appuya sa joue sur son ventre. La jeune fille lui caressa les cheveux, profitant de ce dernier geste ambigu qu’ils auraient l’un envers l’autre.

Car maintenant que les choses avaient été mises au clair, plus rien ne serait comme avant.

_ Je ne t’embêterais plus, promit-elle. Désormais, tu es libre.

Gretchen renifla en enfouit une énième fois son visage dans son mouchoir.

_ Allons…murmura Belgique en lui tapotant le dos.

Elle tendit gentiment un chocolat à son amie qui le prit et le mâchonna sans appétit. A chaque nouvelle crise de larmes, Manon lui en tendait un et l’adolescente commençait légèrement à saturer. L’idée vague commençait à émerger d’arrêter de pleurer pour ne pas finir par exploser.

_ Je sais que tu es malheureuse, soupira la jeune femme. Mais tu as renoncé à lui de ton plein gré. Tu savais que c’était inéluctable.

_ Oui, mais…bafouilla Gretchen. Je…c’est si dur…

Elle hoqueta et réussit bravement à retenir de nouvelles larmes. Depuis deux jours qu’elle était arrivée chez Belgique pour changer un peu d’air, elle avait passé son temps à pleurer. Son amie l’avait laissée évacuer son chagrin tout son soûl mais avait décidé de la secouer un peu.

_ Allez, ça suffit, décida-t-elle d’une voix forte. Sèche-moi ces dernières larmes, passe un coup d’eau sur ce minois tout blême et mets ton chapeau. Je t’emmène visiter les merveilles de chez moi !

_ Que…

_ Pas de discussions. Allez, allez, allez !

Balbutiant de perplexité, Gretchen obéit néanmoins, trop habituée à être toujours docile pour oser protester ou refuser de faire ce qu’on lui disait. Alors qu’elle frottait son visage à l’eau froide, frissonnant sous le contact glacé, la sonnette de la maison de son amie tinta.

_ J’arrive, chantonna la belge.

Curieuse, Gretchen acheva de se rafraîchir et se sécha avant de la rejoindre dans le joli salon envahi de plantes vertes. Elle n’eut pas de réelle surprise en apercevant Espagne, souriant de manière éclatante comme à son habitude. Il venait tellement souvent visiter sa bien-aimée Belgique que s’il n’avaient pas été des nations, ils se seraient sûrement mis en ménage. Derrière l’espagnol, Romano regardait fixement le sol, une moue boudeuse aux lèvres. Il ne semblait pas très heureux de se trouver là et Gretchen savait pourquoi. Elle ne manquait pas de sens de l’observation et savait que l’italien était depuis longtemps amoureux de Belgique. La savoir avec un autre devait le rendre très malheureux. Et elle savait ce qu’il ressentait, compatissant du plus profond de son petit cœur sensible.

Espagne la salua joyeusement avant de poser un baiser rapide sur les lèvres de Manon. Celle-ci lui demanda avec un grande tendresse comment il allait.

_ ‘Lut.

Gretchen leva ses grands yeux verts vers Romano, qui s’était approché. L’italien boudeur s’était toujours montré plutôt gentil avec elle et elle appréciait discuter avec lui, même s’ils avaient peu de choses en commun.

_ Bonjour, répondit-elle avec douceur.

_ Je…j’ai ap…euh, ça va ?

Romano avait rosi, étrangement gêné. Liechtenstein se demanda soudain avec une certaine frayeur combien de personnes étaient au courant de son amour unilatéral envers Suisse. Elle n’en avait parlé qu’à Belgique et Hongrie, sachant très bien que ses deux amies ne la trahiraient jamais, mais Elizabeta lui avait laissé entendre à demi-mots que rares étaient les nations ignorantes de ses sentiments. Elle se sentait stupide.

_ Oui, ça va, répondit-elle.

Elle savait que la question était la plupart du temps posée par pure forme et savait que les gens étaient gênés si on leur répondit qu’on allait mal. Ce n’était pas la réponse qu’ils attendaient. Cependant, une étrange lueur passa dans les yeux de Romano.

_ Mens pas, grogna-t-il. J’ai appris que Suisse t’avait jetée.

Liechtenstein blêmit et se mit à balbutier, cherchant désespérément un moyen de changer de sujet, histoire de ne pas se ridiculiser davantage en fondant en larmes devant le bel italien. Ce dernier avait fourré ses mains dans ses poches, l’air de plus en plus mécontent.

_ Quel imbécile, marmonna-t-il.

_ Q-quoi ?

_ Te laisser tomber. Pour l’autre coincé en plus. On se demande ce qu’il a dans la tête.

_ Ils s’aiment depuis…

_ Toi aussi, tu l’aimes, non ? Pourquoi tu t’es effacée ? Tu aurais dû te battre !

_ Mais je…

_ Bah, laisse tomber. Ça me regarde pas.

Cramoisi, Romano se détourna, tomba sur le couple enlacé plus loin et grinça des dents.

_ L’air devient irrespirable, ici.

Ni une, ni deux, il attrapa Liechtenstein par la main et l’entraîna hors de l’appartement.

_ Euh…attends…bafouilla cette dernière. T-tu vas où ?

_ On dérange, alors tu viens avec moi, je vais pas te laisser tenir la chandelle. En plus, t’as sûrement besoin de te changer les idées.

Ils empruntèrent l’ascenseur et déboulèrent dans les rues animées de Belgique un samedi après-midi. Romano cessa de tirer l’adolescente et s’excusa d’un air bourru de sa brutalité avant de lui prendre la main plus gentiment. Belgique et Espagne, sur leur nuage, ne s’étaient sûrement même pas rendus compte de leur départ précipité.

_ Je t’offre un verre.

_ Mais non, je…commença à protester Lily.

_ Mais si, j’insiste.

Le jeune homme l’entraîna à la terrasse extérieure d’un joli petit bar et l’assit galamment à une table. Elle essayait toujours de trouver des justifications pour ne pas se laisser inviter.

_ Ecoute, la coupa Romano. On est tous les deux dans la même situation. Faut se serrer les coudes.

Sos le choc, la jeune fille se tut. Faisait-il allusion à leurs amours non réciproques ? Ils n’avaient que ça en commun, à première vue.

_ Je parle de Belgique et Espagne, précisa-t-il. Ça me tue de les voir tous les deux. Mais tu le sais, hein ? Je l’ai remarqué.

Lily n’eut pas le temps de répondre que le serveur vint prendre leur commande.

_ Une grappa, commanda aussitôt Romano. Menthe, si possible. Et toi, Lily ?

Celle-ci sursauta, presque étonnée d’entendre son surnom dans la bouche du garçon. Elle ne réfléchit qu’un instant avant de répondre.

_ La même chose.

_ Vous êtes majeure ? S’enquit le serveur, l’air plutôt perplexe.

Gretchen hocha la tête en rougissant. Elle savait qu’elle avait encore l’air d’une petite fille, alors qu’elle était une nation avec une vie plus longue que les hommes pouvaient s’imaginer à son actif.

_ Imbécile, fulmina Romano une fois le serveur parti. Quel besoin il avait de te demander ça ?

_ Il ne fait que son travail, répondit Gretchen, histoire de le calmer.

_ Mouais…Mais je suis surpris, aussi. Tu vas la tenir, la grappa ? C’est pas de l’eau, hein.

_ Oui, ça ira.

_ Si tu le dis…

_ Et donc là, il…il m’a dit que…que…il m’a dit…je sais pluuuuus…

Gretchen se mit à chouiner de manière pathétique. Romano dodelina de la tête, ayant du mal à concentrer son regard sur quelque chose de précis. Il claqua des doigts d’un air autoritaire, parlant dans le vide d‘une voix pâteuse :

_ Garçon ! Une autre !

Le serveur se dirigea vers eux et les releva par le col, mécontent.

_ Pas question, refusa-t-il. Je ne vous laisserais pas me vider le stock d’alcool. En pleine après-midi, si c’est pas malheureux ! Allez décuver ailleurs, du balai !

Il les poussa hors de sa terrasse et rentra à l’intérieur en pestant contre la décadence de la jeunesse. Tremblotants sur leurs jambes qui peinaient à les porter, Romano et Lily s’éloignèrent, manquant tomber à chaque pas. Ils avaient passé deux heures à se lamenter sur leurs peines de cœur respectives, buvant verre sur verre sans même s’en rendre compte. Si Liechtenstein avait eu très chaud au premier verre et vacillé au second, le troisième l’avait laissée dans un étrange mélange entre joie stupide et tristesse à fendre le cœur. Romano avait bu six verres avant de céder à l’emprise de l’alcool.

_ On va oùùùùù ? Soupira Gretchen.

_ J’ai chaud, geignit Romano qui paraissait étonnement lucide pour un garçon totalement cuit.

Ils titubèrent encore quelque pas, puis l’adolescente tendit un bras tremblant vers un parc non loin.

_ On v…va…s’assoir…? Proposa-t-elle.

_ Oui…j’en ai besoin, approuva son compagnon d’infortune.

Lentement, ils se dirigèrent vers le parc, sans prêter attention aux regards dégoutés ou choqués des passants qui se posaient sur eux. Gretchen était prise de fou rire, ce qui l’aidait encore moins à marcher.

_ Pourquoi tu ris…? Demanda Romano.

_ Je-je sais…pas…

_ T’es bête.

_ P-peut-être…Sais pas…fait beau…c’est…t-trop bien…

Gretchen se mit à rire de manière hystérique, attrapa Romano qui ne marchait vraiment plus tout à fait droit par le col et planta un baiser vorace sur sa bouche. L


italien était trop saoul pour sen inquiéter et lui rendit son baiser avec au moins autant d’ardeur.

 

 

_ Aimer, c’est…c’est trop dur ! Bafouilla-t-elle en gloussant de manière stupide. Faut pas aimer, faut juste…juste…

Elle ne trouvait plus ses mots, trop alcoolisée pour ça. Romano la prit par la taille et brandit son poing en l’air.

_ Faut juste s’amuser ! S’écria-t-il très joyeusement.

_ C-c’est ça ! Approuva la liechtensteinoise. S-s’amuser…o-oui…reste avec m-moi…Romano…

_ Pas de souci, princesse !

L’italien tangua dangereusement avant de se laisser tomber dans l‘herbe du parc, entraînant l’adolescente dans sa chute. Tous deux ne rirent que davantage. La main du premier était pressée sur la hanche de la seconde, mais ni l’un ni l’autre ne se dégagea de cette étreinte.

_ Romano…murmura Lily.

_ Oui…?

_ Tu…tu me quitte pas…hein ?

_ Meuh non…

_ Promis-juré ?

_ Promis-juré. Pourquoi t’es comme ça ?

_ J’ai peur.

Liechtenstein s’était mise à trembler, et ce n’était plus à cause de l’alcool.

_ Suisse…i-il…n’a plus besoin de m-moi…que…je vais quoi faire m-moi…maintenant…?

_ Tu veux faire quoi…?

_ J-je sais pas…j’ai p-peur…

_ C’est pas la joie…soupira l’italien.

Il posa sa tête sur l’épaule de l’adolescente et ferma les yeux. Il se passa un instant de silence le temps qu’ils reprennent leurs esprits. Soudain, le garçon se redressa brusquement en sentant quelque chose de mouillé tomber sur le bout de son nez.

_ L-Lily…?

_ J’ai trop peur, sanglota cette dernière. J’ai peur…

Elle se jeta dans les bras de son compagnon pour y pleurer tout son soûl. Ce dernier resta figé, incapable dans son état de comprendre ce qu’il lui arrivait.

_ J’ai peur…! Répéta Liechtenstein. Je suis toute…toute seule ! Personne a besoin de moi, personne ! Si j’étais pas là, ça changerait rien, ils vivraient tous quand même ! Je suis toute seule, j’ai t-trop peur ! ! Je suis inutile…sers à rien…trop peur…

La crise était passée aussi vite qu‘elle était venue, laissant la jeune fille avec dans ses yeux humides une terrible lueur de désespoir.

_ Inutile…murmura-t-elle.

Brusquement, elle se leva, faisant tomber Romano qui se cogna la tête par terre.

_ Hé ! Protesta-t-il.

Mais Gretchen s’était déjà éloignée, d’un pas si vif qu’on avait peine à croire qu’elle avait du mal à marcher quelques minutes auparavant. L’alcool l’avait semble t-il mise en folie. L’italien se leva avec difficulté et la suivit de loin.

_ Tu vas où ? Demanda-t-il faiblement.

_ Loin ! Fut la réponse sèche qu’il reçut.

_ Où ça loin ?

_ Très, très loin.

Elle entra dans le premier immeuble venu, à la grande surprise de son compagnon qui s’engagea à sa suite. Ils montèrent sans s’arrêter les cinq étages et débouchèrent sur le toit. A cette hauteur, le vent soufflait très fort, les cheveux et la robe de Liechtenstein étaient agités dans tous les sens.

_ Tu fais quoi, là ? Demanda une nouvelle fois Romano.

_ Je pars, lâcha, glaciale, la petite nation.

Sûre d’elle, elle monta sur le parapet et regarda en bas, sans peur. Romano fronça les sourcils, semblant commencer à comprendre.

_ Hé, fit-il.

_ Je vais partir loin, et laisser tout le monde tranquille. Je veux plus gêner.

_ Tu peux pas mourir en sautant d‘un toit, t’es une nation.

_ Si ça ne marche pas, j’essaierais. Encore et encore. Je trouverais un moyen.

Les yeux fixés vers le bras, Liechtenstein avança un peu. Le bout de ses chaussures pendaient déjà dans le vide. Plus qu’un tout petit pas…

_ Attends ! ! Rugit Romano.

D’un seul coup, l’italien se jeta en avant et l’attrapa par sa robe, la tirant en arrière. Elle bascula et tomba de son parapet, atterrissant sur lui sans la moindre douceur. Ils tombèrent tous les deux à la renverse.

_ Qu’est-ce que tu as fait ? S’écria Liechtenstein.

Pour sûrement la première fois de sa vie, elle semblait fâchée. Furieuse, même. Elle cogna de son petit poing le torse de Romano, qui paraissait hébété.

_ Pourquoi tu m’as empêchée de sauter ? !

_ Tu…

_ Je ne voulais plus être un fardeau pour les autres ! Mais enfin, pourquoi tu m’as empêchée de faire ce qu’il fallait ? ! Qu’est-ce qui te prends de te mêler de mes affaires, je ne suis rien pour toi, pourquoi ? ! Moi, je voulais juste disparaître, j’avais peut-être que cette chance, et toi, toi, il a fallu que tu viennes tout gâcher ! !

_ Mais tu dois pas mourir, est-ce que tu te rends compte ? ! Tu es une nation ! Des tas de gens t’aiment et comptent sur toi, tu te rends compte de ce que tu allais faire ? !

Romano avait haussé la voix, tout aussi furieux qu’elle l’était. Sans ménagement, il l’empoigna par les épaules et la repoussa, comme si son contact le dégoutait brusquement.

_ Tu les aurais abandonné ! ! Rugit-il. Tu…tu…!

Il s’en étouffait presque de colère. Sous le coup de l’émotion, choquée de se trouver rejetée, Liechtenstein le gifla.

_ Je n’abandonne personne ! Hurla-t-elle. Je ne suis pas une lâche ! J’ai toujours pris mes responsabilités, je me suis toujours sacrifiée pour les autres, de quel droit, mais de quel droit est-ce tu m’accuses comme ça ? !

Elle éclata en sanglot, dépassée par tous ces sentiments négatifs qu’elle ressentait. Eberlué par son comportement et un peu honteux de ses mots trop crus, le garçon posa une main un peu tremblante sur ses cheveux dans un geste tendre, quoique maladroit, pour la réconforter.

_ Tu dois pas mourir…murmura-t-il.

_ Mais je gêne tout le monde ! S’écria Lily, en larmes. Je gêne Suisse et Autriche parce que je l’aimais et qu’ils voulaient pas s’aimer pour pas que je sois triste ! Je gêne Belgique et Hongrie quand elles sont avec les gens qu’elles aiment ! Je te gêne, toi !

_ Non…

_ Mais si ! Tout le monde se force à rester avec moi pour pas que je sois triste, je suis un fardeau pour tout le monde. J’aurais déjà dû disparaître ! C’est trop dur, trop dur ! Pourquoi tout ça m’arrive à moi, hein ? J’ai jamais rien demandé ! Et puis, Suisse…c’est tellement horrible ! Je déteste, le déteste, et puis non, tous les deux ! Pourquoi lui, hein ? ! Deux hommes, c’est pas…c’est pas naturel ! Mais pourquoi, pourquoi il a fallu qu’il aime cet homme ! Si encore il avait aimé une femme, j’aurais eu moins mal, j’aurais moins souffert, j’aurais su que j’avais quand même une chance, qui sait ! Mais il a fallu…il a fallu que ce soit ça…Comment je peux lutter, moi ? ! Pourquoi il m’a sauvée si c’était pour que ça se finisse comme ça ! J’aurais dû disparaître ce jour-là, je n’aurais pas dû survivre. Je ne devrais pas être encore là. Je devrais même plus exister !

_ Bah, moi non plus ! S’exclama Romano.

L’adolescente lui lança un regard étonné à travers ses larmes.

_ Q-Quoi ?

_ L’Italie a peut-être deux représentants, mais tout le monde sait que c’est Feliciano le vrai Italie. C’est Feliciano qui est gentil, joyeux, aimant et aimé, le meilleur en tout. Moi, après tout, je suis juste Romano, le chieur de service. C’est moi qui emmerde tout le monde ! Je sais pas ce que je fais encore ici. Je sais pas quelle est mon rôle dans ce monde !

Eberluée, Lily l’observait s’assombrir, ses yeux se remplir de larmes. Il poursuivit, la voix rauque :

_ Moi aussi, je suis tout seul. Que ce soit mon frère ou la fille que j’aime, ils ont chacun leur propre âme-sœur. Ils sont gentils, hein, mais je leur demande pas de la compassion. Je veux pas leur pitié ! Ça me fait plus mal qu’autre chose !

_ Moi aussi…chuchota-t-elle. Je ressens la même chose…

Elle se blottit contre lui, des larmes coulant à nouveau sur ses joues, mais de manière plus calme.

_ On a peur…

_ On se sent inutile…poursuivit Romano.

Il l’entoura de ses bras, comme s’il souhaitait la protéger de toutes les menaces extérieures, comme s’il espérait par ce geste chasser toutes ses peurs et ses démons, et les siennes par la même occasion.

_ Je veux pas disparaître, chuchota Liechtenstein en s’accrochant à lui. J’ai peur, j’ai trop peur. J’ai toujours peur, peur de tout. Peur l’inconnu, peur de l’après. Ça fait trop peur. Serre-moi fort. S’il te plaît…

Romano obéit et plongea son visage dans les cheveux doré de la jeune fille.

_ J’ai peur aussi…dit-il. Mais je veux pas disparaître moi non plus. Je veux vivre…Je veux être vivant.

Liechtenstein gigota pour entourer le large dos de son compagnon d’infortune de ses bras frêles.

_ Serre-moi juste très fort. Jusqu’à étouffer. Prouve-moi que je suis vivante, que j’existe, s’il te plaît. Au moins à tes yeux. Je veux exister au moins pour toi, puisque tu te sens seul toi aussi…

_ Moi aussi, je veux exister pour quelqu’un…

_ Alors, pour cette fois…juste pour cette fois…un petit peu de tendresse…

Liechtenstein leva la tête pour plonger son regard dans celui de Romano. Ce dernier la regarda avec ardeur, et pris son petit visage en coupe entre ses larges paumes. Il se pencha vers l’elle et joignit très doucement leurs lèvres. Baiser chaste et prudent qui n’était que le prélude à la suite. Rapidement, un autre suivit, moins timide, et encore un autre. La cadence s’accéléra, la chaleur monta, les mains s’enhardirent. Romano empoigna les hanches de la jeune fille pour la coller à et elle s’accrocha à ses épaules comme si sa vie en dépendait.

_ A-attends un peu, grogna l’italien à contrecœur en sentant les doigts de Lily s’attaquer aux boutons de sa chemise.

_ Non.

_ On fait une connerie !

_ De toute façon, c’est trop tard…

Elle l’embrassa encore une fois et il se laissa à nouveau emporté par la folie. Gretchen avait raison, il était trop tard. Ni lui ni elle ne pouvaient plus s’arrêter, ils en avaient besoin, les deux âmes solitaires et perdues sur le sens de leur existence. Ils avaient juste besoin de se sentir exister un instant. Mieux valait après tout qu’ils se retrouvent entre eux, honnêtes et sincères, plutôt qu’avec d’autres personnes, probablement moins bien intentionnées, qui n‘auraient pas compris leur souffrance.

Ils étaient seuls au monde. Mais ils étaient seuls à deux. Et ils ne firent bientôt plus qu’un. Juste pour un instant.

_ Mais où étiez-vous passé ? S’étonna Espagne.

Liechtenstein et Romano venaient de rentrer chez Belgique, après avoir doucement frappé à la porte. Le couple les attendait, visiblement inquiet. Manon s’était précipitée pour prendre son amie dans ses bras.

_ Je me suis fait du souci ! Balbutia-t-elle. Tu aurais pu me prévenir, j’ai cru que…oh, ne me refais plus jamais ça ! Tu es toute pâle, tu ne te sens pas bien ? Viens, viens t’allonger…

Elle la soutint très doucement et l’escorta jusqu’à la chambre qu’elle occupait. Romano dessinait des formes vagues du bout de son pied sur la moquette crème sans oser lever les yeux.

_ Vous étiez où ? Demanda Antonio.

_ Bah…en bas…murmura l’italien.

_ En bas ?

_ Dans un bar, crétin ! Explosa Romano. Vous étiez bien, tous les deux, on voulait pas gêner alors on est descendus prendre un verre, voilà, t’es content ? !

Espagne parut peiné de la réaction de son protégé.

_ Je me suis juste inquiété, dit-il avec un soupir.

Romano se contenta d’hausser les épaules, se sentant coupable mais incapable dans sa fierté de l’avouer. Il était titillé par l’envie de se blottir dans les bras de son ex-tuteur pour y pleurer tout son soûl, pour se confier à lui sans pudeur et se faire réconforter, comme lorsqu‘il était enfant. La culpabilité qu’il ressentait à propos de ce qu’il avait fait à Liechtenstein lui pesait, mais il n’osait pas s’épancher. Il ne le pourrait jamais, il ne voulait pas détruire la jeune fille un peu plus qu’elle ne l’était déjà. Il allait devoir porter ce lourd secret le restant de son éternelle vie de nation. Le programme n’était guère alléchant.

_ Bah voilà, on est rentré, plus besoin de s’inquiéter, siffla-t-il pour chasser ses idées noires en étant désagréable. Fin de l’histoire.

_ Oui, oui…

_ Et arrête de prendre cet air de chien battu ! !

_ P-pardon…

Belgique caressa les fins cheveux de Liechtenstein qui s’était blottie dans son lit, le regard mélancolique.

_ Tu ne veux pas me parler ? Demanda-t-elle.

L’adolescente se contenta de secouer la tête de manière négative.

_ Il s’est passé quelque chose avec Romano ? Insista Manon. Vous sembliez bizarre…

_ N-non, bafouilla Lily en se cachant le visage pour maquer son visage brûlant. Il a été gentil. On a discuté. C-c’est tout…mais…

_ Mais ?

_ On a…on a…

Elle se tut : elle n’allait quand même pas avouer ce qu’il s’était passé, non ? Tous les deux s’étaient oubliés dans un moment de désespoir, leur acte n’avait pas été fait avec amour. Ce n’était pas bien, non ? Elle ne voulait pas être mauvaise. Et elle ne voulait pas causer du tort à Romano envers qui elle se sentait bien, comprise. Ils étaient pareils, elle ne pouvait pas lui faire ça. Il valait mieux garder le secret, c’était mieux pour tout le monde, eux les premiers. Personne n’aurait pu comprendre.

_ On a parlé…de choses qui n‘étaient…pas forcément…agréables…dit-elle pour se justifier.

_ Je vois.

Son amie continua à lui caresser les cheveux un moment, jusqu’à ce que l’adolescente finisse par s’endormir.

_ Je vois même trop bien, acheva Manon dans un souffle pour ne pas la réveiller.

Deux larmes roulèrent sur les joues de Liechtenstein endormie.

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